Un cortège d'autocars sur le périph parisien ce mardi matin, devant la tour Eiffel l'après-midi. A l'intérieur, pas de touristes mais des revendications. Un peu moins de 300 cars, en majorité français mais aussi belges, allemands, italiens et luxembourgeois, ont organisé une opération escargot à l'appel de plusieurs fédérations. Les conducteurs dénoncent les mesures anti-diesel voulues par la mairie de Paris. Ils devaient être reçus par la Ville cet après-midi.
Pourquoi les chauffeurs de cars manifestent-ils ?
Ils s'opposent à deux mesures : l'augmentation, dès le 1er janvier 2017, des tarifs de stationnement des autocars pour les véhicules les plus polluants et, surtout, l'interdiction dans Paris intra-muros de tous les véhicules diesel en 2020, voitures particulières comprises. «Cette dernière mesure nous pénalise gravement, car le parc des autocars est essentiellement diesel, regrette Ingrid Mareschal, déléguée générale de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), principale organisation professionnelle du secteur. Il n'existe pas d'alternative au diesel à grande échelle et il n'en existera pas en 2020 donc nous demandons un calendrier plus réaliste.» Les autocaristes réclament le maintien en circulation des véhicules diesel respectant les normes anti-pollution Euro 5 et 6, les moins polluants, et un moratoire sur le prix du stationnement.
Quel est l’objectif de la mairie ?
Les mesures anti-diesel font partie du plan d'Anne Hidalgo pour réduire la pollution atmosphérique. La maire de Paris a déjà banni des murs de la capitale les voitures immatriculées avant le 1er janvier 1997. Elle s'attaque maintenant aux moteurs carburant au gazole qui sont en grande partie responsables des récents pics de pollution aux particules. «Nous nous sommes fixés l'objectif de sortie du diesel en 2020 et nous comptons nous y tenir, réaffirme Christophe Najdovski, adjoint au maire chargé des transports. Pour cela, nous avons un rôle volontariste et incitatif. Oui, le tarif du stationnement va augmenter en 2017, mais seulement pour les autocars Euro 4, les plus polluants, qui ne représentent que 11% du total. Les autres, plus propres, ne seront pas concernés.» Au contraire, la mairie affirme qu'elle donnera un coup de pouce aux véhicules les plus vertueux, les cars diesel respectant les normes les plus écologiques (Euro 6) ou les cars innovants : les véhicules électriques ou fonctionnant au gaz naturel pour véhicules (GNV).
Où en sont les alternatives aux autocars diesel ?
Les autocars à essence n'existant pas, les seules alternatives au diesel sont à voir du côté des véhicules innovants, encore au stade expérimental : il s'agit des cars électriques et de ceux roulant au GNV. Pour Nadia Omeyer, responsable marketing d'EvoBus France, la branche française du géant allemand Daimler, les alternatives ne seront pas prêtes pour 2020. «Il est important de distinguer autobus et autocars, prévient-elle. Pour les bus, véhicules urbains, nous développons rapidement des solutions à zéro émission. Mais pour les cars, qui parcourent de longues distances, c'est beaucoup plus compliqué. Tant pour le GNV que pour l'électrique, il y a des problèmes d'autonomie et les infrastructures d'approvisionnement et de recharge n'existent pas encore.»
Peut-on interdire les autocars à Paris sans menacer le tourisme ?
Ingrid Mareschal de la FNTV prévient : «Sans les autocars, 12 millions de touristes devront chaque année trouver une solution pour circuler dans Paris. Or, nous représentons seulement 0,3% du trafic. L'autocar est une solution écologique, un car remplace 30 à 40 voitures.» Face à ces arguments, la mairie affirme ne pas vouloir supprimer le car mais bien le réguler. «Il faut trouver un système pour que le car trouve sa place en ville, estime Christophe Najdovski. Après le pic de pollution que l'on vient de connaître, on ne peut pas continuer à voir 150 autocars diesel dans le seul quartier de l'Opéra, avec toutes les émissions de particules que cela comporte.» Et si les autocars à énergie propre ne sont pas prêts pour 2020, une solution existe selon la mairie : «Il faut revoir toute la mobilité touristique. On peut imaginer des "hubs" à l'extérieur des quartiers touristiques, où se ferait l'échange entre les cars et des bus à énergie propre, essentiellement urbains.»