Annecy, Reims, Nîmes et seize autres petits aéroports régionaux (1) ont un nouveau propriétaire depuis vendredi. Ils ont été rachetés pour un montant non dévoilé par un tandem constitué par le fonds d'investissement français Ciclad et un ex-ingénieur de chez Bouygues reconverti en homme d'affaires, Jean-Louis Schnoebelen. Le vendeur est un groupe canadien, SNC-Lavalin, désireux de céder ses activités françaises. Cette entreprise, basée à Montréal, semblait ne plus avoir beaucoup d'intérêt pour sa filiale, située dans l'Hexagone depuis un certain temps. Il est vrai que la société canadienne a subi il y a trois ans les foudres de la Banque mondiale, après des soupçons de corruption au Bangladesh et au Cambodge. Elle a ainsi été exclue, pour une période de dix ans, de l'ensemble des appels d'offres internationaux financés par la Banque mondiale.
L'opération de vente porte au total sur dix-neuf aéroports, dont un situé en Espagne, mais également sur des activités d'ingénierie, essentiellement au service du bâtiment et des travaux publics. L'ensemble réalise 140 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie 1 100 salariés «qui seront intégralement repris», précise à Libération Didier Genoud, l'un des associés du fonds d'investissement Ciclad. Les repreneurs ont cependant du pain sur la planche car ces aéroports secondaires affichent, pour la plupart, des comptes déficitaires.
Dépendants des low-cost
Ils sont en outre souvent dépendants des compagnies low-cost, comme Ryanair, qui en ont fait leurs bases pour desservir une région. Les taxes d’atterrissage y sont moins coûteuses que sur les grandes plateformes comme Roissy, Orly ou Nice. En échange de leur présence et du flux de voyageurs qu’elles transportent vers une région donnée, ces compagnies exigent souvent une participation à leurs frais de marketing. Une expression pudique pour désigner des subventions déguisées.
Ce rachat se déroule par ailleurs sous l'œil attentif des élus locaux. «Le processus a commencé dès le mois de septembre et Nîmes Métropole, le Grand Alès et le département du Gard ont été constamment informés», précise Lilian Bruguier la directrice de l'aéroport de Nîmes. Les responsables des collectivités locales de France et de Navarre risquent fort de devoir être attentifs au dossier dans les mois qui viennent. Les nouveaux propriétaires envisagent en effet de se porter candidats à l'exploitation d'autres aéroports régionaux. Objectif : faire croître le périmètre dans l'espoir de rentabiliser l'ensemble.
(1) Angoulême, Annecy, Auxerre, Bourges, Castellon (Espagne), Châlon, Cherbourg, Dijon, Le Havre, Mayotte, Nîmes-Alès, Reims, Rouen, Saint-Martin Grand Case, Tarbes, Toulouse-Francazal, Tours, Troyes, Vannes.