Al’heure où la généralisation des usages numériques bouleverse la société, le travail - atomisé, dématérialisé, précarisé mais aussi, d’une certaine manière, émancipé - du bon vieux modèle du salariat est dans tous ses états. En cinq termes, revue de tendances pour les années à venir.
Déconnexion
Depuis le 1er janvier, les entreprises de plus de 50 salariés en France doivent mettre en place des pratiques afin de limiter l'intrusion des technologies dans le temps de repos de leurs employés. Première mondiale, ce «droit à la déconnexion» institué par la loi travail impose l'obligation aux employeurs de signer un accord codifiant ces pratiques ou, à défaut, de mettre en place une charte dont ils restent cependant les seuls décisionnaires.
Robots
L'automatisation du travail et l'intelligence artificielle vont-ils tuer l'emploi ? Selon un rapport du Conseil d'orientation pour l'emploi, 1,49 million d'emplois sont «très exposés» aux mutations technologiques et risquent de disparaître en France. C'est moins de 10 % des emplois mais, in fine, plus de la moitié des emplois existants pourraient voir leur contenu notablement transformé selon l'étude.
Pour endiguer cette tendance, le Parlement européen préconise la création d'une «taxe robot», reprise par le candidat à la primaire à gauche Benoît Hamon qui, à l'inverse de ses principaux concurrents, est convaincu que l'on va vers une «raréfaction» du travail dans les prochaines années.
Slashers
Ce terme dérivé de la barre oblique «slash» du clavier d’ordinateur désigne les travailleurs pluriactifs, de plus en plus nombreux et souvent autoentrepreneurs, qui exercent plusieurs métiers : comédien/chauffeur VTC, livreur/musicien, et ce sans limitation de «slashs». Selon l’Insee, ils étaient 2,3 millions fin 2013, soit 8,5 % de la population active.
Télétravail
Selon une récente étude, plus de 70 % des entreprises hexagonales autorisent à des degrés divers leurs salariés à travailler depuis leur domicile, contre 66 % en Allemagne et 53 % au Royaume-Uni. 20 % des entreprises frnaçaises l'autoriseraient même «sans restrictions». De quoi faire de la France la championne européenne du télétravail.
Ubérisation
Comment élaborer de nouvelles règles du droit du travail pour ceux dont l'activité dépend des plateformes (VTC, hébergement, e-commerce) sans le définir, comme aujourd'hui, par un lien de «subordination juridique» (soit un lien employé-employeur) ? C'est tout l'enjeu du compte personnel d'activité (CPA), embryon d'un nouveau statut du «citoyen travailleur» qui attache des droits à la personne, et non au contrat passé avec une entreprise. Depuis le 1er janvier, le compte personnel d'activité est directement accessible en ligne. Il permet également d'y héberger son CV, de rechercher une formation ou encore d'accéder à ses bulletins de salaire sous forme dématérialisée.