Du poison dans les bonbons ? Des chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et du Centre de recherche en toxicologie alimentaire Toxalim ont publié vendredi dans la revue scientifique Nature les premiers résultats de leurs recherches sur le dioxyde de titane (E171), un colorant utilisé sous la forme nanométrique (10 000 fois plus petite qu'un grain de sel) dans l'alimentaire, notamment en pâtisserie industrielle et dans les dentifrices. L'expérimentation a été menée pendant plus de trois mois sur des rats exposés quotidiennement à du nanodioxyde de titane du commerce à des doses comparables à celles ingérées par l'homme (évaluées à 10 microgrammes). Elle démontre que ces nanoparticules métalliques pénètrent la paroi intestinale, passent dans le sang et se retrouvent dans le foie ou la rate. Elles ont occasionné des troubles du système immunitaire de l'intestin, une inflammation et des lésions précancéreuses chez 40 % des rats et accéléré la croissance de lésions existantes. Si l'extrapolation directe à l'homme est impossible, l'étude démontre cependant l'impact biologique du nanodioxyde de titane.
Deux produits choisis au hasard ont ainsi été analysés par le Laboratoire national de métrologie et d'essais : du dioxyde de titane à une taille nanoparticulaire a été trouvé dans les chewing-gums New'R, marque distributeur Leclerc, et dans celle des bonbons Têtes brûlées effet rose à lèvres, goût framboise, de la société Verquin. Cette dernière, après la publication de l'étude, a annoncé le retrait du dioxyde de titane de l'ensemble de sa fabrication.
Déjà en mai, Agir pour l’environnement avait révélé, pour la première fois en Europe la présence de nanodioxyde de titane et de nanosilice dans des échantillons de gâteaux Napolitain Lu, de chewing-gums Malabar, d’épices pour Guacamole Carrefour et de conserve de blanquette de veau William Saurin. En octobre, elle avait épinglé une centaine de friandises destinées aux enfants, particulièrement exposés par le biais des sucreries. Aujourd’hui, l’association réitère sa demande d’un moratoire sur les substances saupoudrées à notre insu et du respect des réglementations. En effet, retranchés derrière l’opaque liste de codes égrenés dans la liste des ingrédients, les marques contournent l’obligation de transparence et rechignent à appliquer l’étiquetage de la mention nano, en vigueur depuis décembre 2015.
«Mais le marché évolue, constate Magali Ringoot coordinatrice de campagne d'Agir pour l'environnement. Plus réactives que les pouvoirs publics, certaines marques entendent la demande de produits plus naturels de la part des consommateurs.»