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Libération
à la télé ce soir

Arte met le cap sur le pôle Sud

La chaîne diffuse ce samedi deux documentaires de Jérôme Bouvier, dont le superbe «Antarctica, sur les traces de l'empereur», qui suit deux photographes naturalistes, Vincent Munier et Laurent Ballesta, sur le continent austral.
Un manchot empereur de retour de la pêche. (Photo Vincent Munier. Expédition Wild Touch Antarctica)
publié le 28 janvier 2017 à 12h55

Sous la banquise, on entend la glace gémir comme un animal blessé. C'est l'une des surprises du film de Jérôme Bouvier Antarctica, déjà disponible sur Internet et diffusé ce samedi soir sur Arte. Dans le cadre d'une expédition initiée par Luc Jacquet (réalisateur de la Marche de l'empereur en 2005 et de l'Empereur qui sortira en février), il suit les aventures de deux photographes, dont les regards croisés scrutent le continent blanc sous un angle nouveau.

Dans une eau inférieure à 0°C, le biologiste marin Laurent Ballesta, qui est loin d'être un débutant en matière de plongée extrême, réussit un véritable exploit : grâce à des combinaisons chauffantes permettant de quadrupler la durée d'exploration, son équipe descend à 70 mètres pendant plus de trois heures. Certaines images inédites qu'il présente aux chercheurs à son retour à la base Dumont-d'Urville leur permettent d'imaginer de nouveaux champs d'investigation. A cette profondeur, dans ces jardins aquatiques où une vie de pétoncle dure près de quatre-vingt-dix printemps… la faune endémique (isolée du reste du monde) vit au ralenti. De manière inattendue, tant à cet endroit l'océan paraît désespérément vide, ces animaux qui ressemblent à des plantes filtrent l'eau de mer pour se nourrir.

«Je crève d'envie d'y être, mais quand je vois dans quel état tu sors… moyen !» Même si Vincent Munier s'amuse en voyant Ballesta sortir de l'eau, il ne reste pas au coin du feu pour autant. Cet amoureux des tempêtes part à la rencontre d'une colonie de manchots empereurs, bravant le vent glacial pour rapporter des clichés irréels. Quand les créatures s'éloignent au loin face au soleil rasant, on jurerait voir «des silhouettes humaines, avec leur long manteau en train de se dandiner». Il suit les drôles d'oiseaux pendant tout un cycle. Les adultes font des va-et-vient sur des kilomètres pour nourrir leurs poussins ; puis les petits, une fois abandonnés par leurs parents, sont poussés par la faim jusqu'à l'océan. Ils hésitent, comme des gamins au bord d'une piscine, mais se jettent finalement pour la première fois de leur vie dans le grand bain. Laurent Ballesta est lui aussi au rendez-vous, sous l'eau, pour immortaliser leur première nage.

Ces «visions qui peuvent guérir de toutes les douleurs», selon les mots du biologiste, ne doivent pas faire oublier des réalités plus sombres. A l'heure où la menace du réchauffement planétaire n'a jamais été aussi forte, le documentaire de Jérôme Bouvier nous rappelle son impact sur la banquise, les mécanismes à l'œuvre complexes et parfois paradoxaux. Le dérèglement des pôles, véritables climatiseurs géants, aurait des conséquences incalculables sur notre monde.

Antarctica, sur les traces de l'empereur, 90', sur Arte ce samedi à 20h50.

Découvrez aussi le deuxième documentaire de Jérôme Bouvier, les Secrets des animaux des glaces, 52', diffusé à 22h20.