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Libération
Merci de l'avoir posée

Pourquoi les légumes sont-ils en ce moment si chers ?

Les intempéries inhabituelles dans le sud-est de l’Espagne ont affecté la production, perturbant l’approvisionnement des pays européens.
Champ de brocolis à Murcie, en janvier. (Getty Images/AFP)
publié le 10 février 2017 à 11h09

Quelle meilleure illustration que les chutes de neige sur la ville de Murcie, qui n’avait pas vu tomber un flocon depuis trente-quatre ans ? Le sud-est de l’Espagne, potager de l’Europe, subit les intempéries depuis fin décembre. D’ordinaire, la région littorale qui va du sud de Valence jusqu’à la province andalouse d’Almeria connaît un climat si doux qu’il permet de faire pousser les salades en plein air en hiver.

Résultat, les agriculteurs espagnols sont toute l’année les premiers fournisseurs de fruits et de légumes de l’Union européenne, avec 30% de l’approvisionnement du continent. Mais en hiver, cette proportion grimpe à 50%. L’Espagne fournit même 80% des laitues d’Europe en cette saison, le reste provenant principalement d’Italie.

Que s’est-il passé ?

Une sécheresse à l’automne avait déjà nuit à la croissance des salades iceberg, romaines ou scaroles. Puis des pluies diluviennes ont frappé en décembre ces régions qui exportent les trois-quarts de leur production de légumes vers le reste de l’Europe. Avant qu’une vague de froid accompagnée de chutes de neige succède aux pluies en janvier.

Bilan : la production espagnole a chuté de 30% tout comme le volume des exportations, selon les estimations de la Fédération des exportateurs Fepex. Le premier syndicat agricole Coag chiffre lui à 50% la baisse dans les régions les plus touchées.

L’Espagne est-elle le seul pays producteur touché ?

Non. En Italie, des milliers de fermes ont perdu leur production de légumes hivernaux peu avant la récolte, frappées par des chutes de neige également historiques. Le principal syndicat agricole italien estime ainsi la perte sèche à 400 millions d’euros pour les producteurs.

Quelles conséquences pour le client ?

Elles se voient tout d'abord dans les rayons des commerçants. En Angleterre, les grandes surfaces Tesco et Morrisons imposent à leurs clients de ne pas acheter plus de deux laitues ou brocolis. Un rationnement inédit dans nos contrées. Le groupe français Bonduelle, qui vend en sachet des salades cultivées près de Murcie, reconnaît «un souci d'approvisionnement». Et si les étals sont touchés, les porte-monnaie le sont également. Ainsi, en France, si la pénurie n'est pas (encore ?) de mise, une laitue peut actuellement valoir 2,30 euros, quand le kilo d'aubergine atteint souvent 7 euros. Tout comme celui de la courgette.

Cette situation de tension va-t-elle durer ?

Selon le ministère espagnol de l’Agriculture, la production devrait se rétablir dans les prochaines semaines. Les professionnels misent sur la fin février-début mars. Mais pour les salades cultivées à l’air libre, il faudra attendre le mois d’avril. La solution est de consommer des légumes de saison, tels carottes, poireaux, choux, navets, endives...