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Libération
Analyse

PSA-Opel, un rachat qui inquiète l’Allemagne

publié le 15 février 2017 à 20h16

Au lendemain de l'annonce d'un possible rachat du constructeur automobile allemand Opel par le français PSA, l'Allemagne s'inquiète des conséquences qu'une telle absorption pourrait avoir sur l'emploi et la pérennité des trois usines de la marque outre-Rhin. Choquée plus sur la forme que sur le fond, la ministre de l'Economie, Brigitte Zypries, a déclaré au quotidien Bild qu'elle jugeait «inacceptable» qu'un tel rapprochement soit publiquement envisagé «sans que le comité d'entreprise, [le syndicat] IG Metall ou l'exécutif régional n'aient été informés au préalable». Le comité d'entreprise d'Opel et IG Metall ont d'ailleurs protesté contre une possible «violation sans précédent des droits de participation non seulement allemands mais aussi européens» en matière d'information des employés. Quand à Volker Bouffier, président du Land de Hesse où se trouve le siège d'Opel, il a prévenu qu'il était «déterminant que les emplois puissent être maintenus». Fin 2015, l'entreprise employait 35 600 salariés, dont 18 250 en Allemagne.

Afin de les rassurer, le patron de PSA, Carlos Tavares, a fait savoir qu'il souhaitait s'entretenir de ce projet de rachat avec la chancelière allemande et les organisations syndicales d'Opel. «Pas pour négocier, mais pour discuter du projet», précise-t-on chez le constructeur français, ajoutant qu'aucun rendez-vous n'est fixé et que les détails de l'opération ne sont pas encore finalisés. Le comité stratégique du conseil de surveillance qui devait avoir lieu mercredi a d'ailleurs été repoussé à ce jeudi.

Cette officialisation des appétits de PSA pour Opel intervient une semaine après l’annonce par General Motors, propriétaire d’Opel, d’une perte de 257 millions de dollars pour ses activités européennes. Le géant américain a perdu plus de 15 milliards de dollars en Europe depuis 2000 et ne table désormais sur un retour à l’équilibre qu’en 2018.

Que peut bien gagner PSA à racheter cet acteur déclinant ? Avec seulement 1,1 million de véhicules vendus en 2015, Opel (et sa branche britannique, Vauxhall) représente une part de marché de 6,6 % en Europe. C’est un peu moins que Renault mais déjà plus que Peugeot. De quoi muscler les volumes dans une optique de consolidation du marché européen pour un groupe qui représenterait près de 4 millions de véhicules vendus chaque année en Europe. Un poids moyen si on le compare à Volkswagen (10,3 millions de véhicules en 2016) ou à Renault-Nissan (9,6 millions) mais plus gros que Renault pris isolément (3,18 millions).