Snap Inc, la maison mère du réseau social mobile préféré des «millenials» (la génération née avec Internet) se rapproche de la rampe de lancement boursière. Très attendue, son introduction dans le saint des saints de Wall Street est désormais imminente. Selon les documents transmis à la SEC, l'équivalent américain de l'autorité des marchés financiers (AMF), elle se fera à un prix compris entre 14 et 16 dollars l'action. De quoi valoriser la start-up créée en 2011 par deux jeunes diplômés de l'université de Stanford dans la Silicon Valley californienne entre 20,9 et 22,2 milliards de dollars. Pas mal pour une application que Mark Zuckerberg, toujours prêt à racheter dans l'œuf une application avant qu'elle ne grossisse trop et puisse devenir un concurrent potentiel, avait proposé d'acquérir au prix de 3 milliards de dollars en novembre 2013. Une offre alors déclinée par Evan Spiegel et Bobby Murphy, les deux cofondateurs de Snap, qui vont devenir multimilliardaires en actions dans quelques jours.
Des actionnaires sans droit de vote
Snap estime qu'au prix moyen de 15 dollars par titre, l'opération devrait lui rapporter, 2,1 milliards de dollars. Les futurs actionnaires qui souscriront à cette offre n'auront cependant aucun droit de vote. Une première et une condition imposée par les créateurs de Snap qui veulent garder l'entier contrôle de leur société. Bien que spectaculaire en termes de montant, cette cotation qui devrait se faire sur le New York Stock Exchange et non sur le Nasdaq, la plate-forme boursière traditionnelle des valeurs de la «tech», se fera plutôt dans la fourchette basse. Selon les évaluations rapportées par la presse américaine ces derniers jours, le chiffre d'une base de valorisation pouvant atteindre 25 milliards de dollars voire plus circulait parmi les analystes. Par comparaison, Twitter qui ne gagne toujours pas d'argent, avait été valorisé à 12 milliards de dollars, en octobre 2013. Un an plus tôt, la valeur de Facebook avait été fixée à 86 milliards de dollars.
Un chiffre d’affaires qui explose et des pertes qui se creusent
Dans les prochains jours, les deux fondateurs pas encore trentenaires vont tenir plusieurs road show à Los Angeles, San Francisco et New York auprès d’investisseurs privés et grandes banques pour vendre aux investisseurs leur entrée en Bourse. En pleine croissance, l’application dont l’abréviation boursière sera tout simplement SNAP a multiplié par sept son chiffre d’affaires l’an dernier à 405 millions de dollars et prouvé ainsi qu’il disposait d’un fort potentiel de monétisation de ses services, tous gratuits, via la publicité mobile, domaine sur lequel règne en maître le duopole Google-Facebook qui se partagent à eux deux 85% du gâteau publicitaire sur les smartphones et tablettes. Mais l’ex-start-up de Venice Beach, à Los Angeles a également creusé ses pertes en 2016, passées de 373 millions de dollars en 2015 à 514 millions l’an dernier.
L’introduction de la «tech company» en Bourse sera la plus importante depuis celle du e-commerçant chinois Alibaba en 2014. En 2016, seules seize entreprises technologiques avaient franchi le cap boursier outre-Atlantique, soit le plus bas volume depuis la crise financière de 2008-2009.