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Libération
Décryptage

Uber va discuter tarifs avec ses chauffeurs VTC

Pour la première fois, lors d'une rencontre avec les représentants des chauffeurs, le leader des plateformes de réservation a accepté d'aborder sa politique de rémunération.
Lors d'une manifestation de VTC à Paris en décembre 2016. (Photo Benoit Tessier. Reuters)
publié le 23 février 2017 à 12h55
(mis à jour le 23 février 2017 à 12h56)

Cinq heures. C'est la durée de la réunion qui s'est déroulée mercredi après-midi dans un hôtel parisien entre Uber et les représentants des chauffeurs de VTC en présence d'un «conciliateur» dépêché par le gouvernement. Ce face-à-face est une première entre le leader des plateformes de réservation et les professionnels indépendants avec lesquels Uber travaille et qui lui reprochent sa politique commerciale. Depuis plusieurs mois, les associations et les syndicats de VTC dénoncent la dégradation des revenus des chauffeurs, très faibles au regard du volume d'heures travaillées. Depuis l'automne 2015, Uber a baissé les tarifs des courses et porté à 25% sa commission sur le montant de ces courses. En décembre, dans un climat de tension croissant, des manifestations avaient été initiées par les organisations de chauffeurs.

Dans quel climat s’est passée la rencontre?

«Tous les sujets ont été mis sur la table, témoigne avec satisfaction Hassan Benbarak (Capa-VTC). Ils ont accepté de parler de tout, c'est un début de vrai dialogue. On a un petit peu cassé le climat de défiance et les représentants d'Uber se sont montrés prêts à régler le passif.» Un échange cordial confirmé par Yazid Sekhri (CFDT) et un porte-parole d'Uber qui, dans un communiqué, a salué «un climat serein et constructif».

Quelles sont les propositions concrètes d’Uber?

La plateforme de réservation s'est engagée dès la semaine prochaine à «amorcer la mise en œuvre du dispositif d'urgence» promis, qui permettra d'aider les chauffeurs en difficulté. «Ces travaux seront conduits en transparence avec les associations de chauffeurs de manière à leur permettre de discuter au fil des semaines avec nous», précise le communiqué d'Uber. Selon Capa-VTC et la CFDT, le leader du marché a proposé d'aider les chauffeurs qui dégageraient un chiffre d'affaires horaire inférieur à 21 euros brut. Une proposition insuffisante pour les deux organisations syndicales: «Cela ne nous convient pas, mais la représentante d'Uber a indiqué qu'elle avait une petite marge de manœuvre.»

Les discussions ont également porté sur les conditions de déconnexion des chauffeurs après des plaintes de clients et sur le dispositif de soutien des chauffeurs en difficulté avancé par Uber. Selon la CFDT et Capa-VTC, la plateforme a proposé d'associer les organisations à la procédure d'examen des déconnexions, «en plus du panel de chauffeurs» initialement prévu. Cet examen aura lieu avant la décision, sauf pour les cas graves où la sanction sera immédiate.

Uber s'est engagé à «faire une proposition» sur la question des déconnexions «d'ici le 1er mars», et à examiner «certains cas de déconnexions de comptes de chauffeurs, qui semblent à certaines associations n'avoir pas été faites en toute équité».

Et maintenant?

Une nouvelle rencontre entre les deux parties aura lieu le 15 mars. Pour la première fois, la plateforme a accepté de discuter de la rémunération des chauffeurs lors de ce prochain rendez-vous avec les représentants des chauffeurs. «Uber s'est engagé à venir parler de la politique tarifaire, mais pour l'heure, nous repartons sans rien», a déclaré Sayah Baaroun (SCP-VTC/Unsa).

L'intersyndicale (SCP-VTC/Unsa, CFDT, Capa-VTC, Actif-VTC, UDCF) a annoncé qu'elle allait se réunir «pour faire parvenir à Uber des propositions concrètes en amont» sur la fixation des tarifs, afin que le groupe «apporte des réponses le 15 mars».