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Factures

Cascade d'impayés pour le nouveau siège d'Aéroports de Paris

Plusieurs entreprises de bâtiment se plaignent de ne pas avoir été réglées des travaux qu'elles ont effectués sur le bâtiment de Roissy alors que le chantier est en partie terminé.
Aéroport Charles-de-Gaulle, le 20 mars 2017. Travaux du nouveau siège social du groupe Aéroports de Paris (ADP). (Photo Marc Chaumeil)
publié le 21 mars 2017 à 18h53

Pas une fausse note. L'inauguration du siège social d'Aéroports de Paris (ADP), lundi à Roissy, s'est déroulée selon le programme établi au millimètre. Une visite de François Hollande, venu honorer les lieux de sa présence, un discours du PDG d'ADP, Augustin de Romanet, suivi d'une allocution du chef de l'Etat. L'un comme l'autre se félicitant de l'exécution de ce chantier de 90 millions d'euros pour un ensemble d'immeubles de 30 000 m2, avec vue imprenable sur les pistes de l'aéroport.

En coulisses, l'ambiance est nettement moins joyeuse. Plusieurs entreprises de bâtiment se plaignent de ne pas avoir été payées. L'une d'entre elles, Vitruve, spécialisée dans la climatisation, vient même de lancer une action en référé, pour réclamer son dû, près de deux millions d'euros. «Bloquer des paiements pour un bâtiment déjà livré c'est un peu étonnant tout de même», soupire André Colombo, le PDG de cette PME qui réalise 16 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le contentieux a d'ailleurs des conséquences en cascade, puisque pour réaliser ces travaux, Vitruve a eu, elle-même, recours à des sous-traitants qui n'ont pas non plus été réglés. L'un d'entre eux, Jean-Christophe Destrac ne cache pas son amertume: «On me doit 90 000 euros et je risque la liquidation.» Cette affaire illustre en tout cas le rapport de forces permanent dans le BTP entre les grandes entreprises et la kyrielle de PME qui ne peuvent décrocher directement des chantiers et doivent se raccrocher à un poids lourd pour remplir leur carnet de commandes. «Dans quelques années, les entreprises familiales de la taille de celle que je dirige auront quasiment disparu», s'inquiète, André Colombo.

Au départ, lorsque ADP, décide de lancer la construction de son nouveau siège social, il sélectionne deux entreprises: TAV une société dont il est actionnaire à 49% et Hervé, un poids moyen du BTP, installé depuis des lustres dans le paysage français. Charge à elles de mener à bien la construction dans l’enveloppe financière et les délais impartis.

C'est à ce moment-là, visiblement, que l'histoire devient plus complexe. Des modifications techniques ont été apportées au projet initial et le bâtiment a été livré avec un mois et demi de retard. Aujourd'hui, outre Vitruve et ses sous-traitants, un autre intervenant, Satelec, filiale du groupe Fayat, réclame également le paiement de facture non honoré. «Notre demande se monte à deux millions d'euros et c'est vraisemblablement un retard de notre donneur d'ordre l'entreprise Hervé, sur le gros œuvre qui a déclenché, en cascade, les problèmes de paiement que nous connaissons», estime Laurent Fayat directeur général du groupe, maison mère de Satelec.

Dans cette affaire, Aéroport de Paris plaide la bonne foi: «La loi permet aux sous-traitants non payés de se tourner directement vers le donneur d'ordres. Qu'ils se manifestent», dit Guillaume Sauvé, le directeur de l'ingénierie chez ADP. C'est justement ce que Satelec a choisi de faire. Du côté d'Hervé, on renvoie la balle vers les sous-traitants: «Il y a eu pas mal de malfaçons sur ce chantier», estime un responsable joint par Libération.