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Transports

VTC : l’intersyndicale suspend ses discussions avec Uber

Les représentants CFDT, Actif-VTC et UDCF seront reçus en fin de semaine prochaine par le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, pour discuter d’un «tarif minimum applicable au secteur».
(Photo Lionel Bonaventure. AFP)
publié le 23 mars 2017 à 20h15

Le conflit n’en finit pas. Et depuis ce jeudi, il est de nouveau au point mort. Depuis des mois, associations et syndicats de VTC n’ont de cesse de dénoncer la dégradation des revenus des chauffeurs, rejetant la responsabilité de cette situation sur Uber, numéro 1 de la mise en relation électronique entre clients et chauffeurs.

La médiation menée en janvier à la demande du gouvernement avait permis d’ouvrir un début de dialogue entre les chauffeurs et la plateforme, Uber s’engageant notamment à aider financièrement les VTC en difficulté et à revoir les conditions de déconnexion. Début février, Jacques Rapoport, le médiateur chargé de déminer le conflit, en avait appelé à un arbitrage de l’Etat si des améliorations n’étaient pas apportées par les plateformes sur un tarif minimum.

«Gagner du temps»

Le 15 mars, une première discussion avait eu lieu entre la société américaine et les représentants des professionnels du transport de particuliers sur la rémunération des chauffeurs. A l'issue de cette rencontre, deux organisations, Capa-VTC et SCP-VTC/Unsa, avaient acté l'«échec des discussions» et décidé leur retrait des échanges. Les trois syndicats CFDT, Actif-VTC et UDCF avaient souhaité poursuivre les négociations avec Uber dans l'attente de contre-propositions précises de la plateforme de mise.

Las, ce jeudi, ces organisations indiquent suspendre l'échange avec Uber. «Les propositions d'Uber reçues mardi par mail ne répondent en rien à nos demandes, écrivent les syndicats dans un communiqué. Ils cherchent de nouveau à gagner du temps.» Contacté par Libération, Félix Cao, trésorier d'Actif-VTC, organisation basée au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) qui revendique 250 membres, se montre on ne peut plus direct : «Uber ne nous écoute pas. On les a rencontrés cinq ou six fois depuis le 15 mars et ce qu'ils nous proposent ne correspond pas à ce que nous avons revendiqué [passage de sa commission de 25% à 20% et augmentation des différents tarifs, ndlr]».

«Immaturité»

De son côté, Uber, par la voix de son porte-parole, Grégoire Kopp, déclare à Libération qu'«aucun commentaire ne sera fait à ce stade», mais que la plateforme «est toujours dans une démarche de dialogue et de propositions». Selon Kopp, «Uber continue d'avancer sur les deux chantiers préconisés à l'issu de la médiation Rapoport».

Primo : «La mise en œuvre d'un dispositif d'urgence pour les chauffeurs en situation de difficulté : soutien financier temporaire et accompagnement technique et humain pour qu'ils puissent devenir VTC indépendant avec le meilleur business model – en espérant que l'examen VTC soit enfin organisé car il n'y en a pas eu en janvier, février, mars et que c'est incertain pour avril.» Il souligne aussi que les nouveaux critères, «comme l'anglais éliminatoire ou l'orthographe sanctionnée, risquent d'être sacrément discriminatoires pour de nombreux candidats».

Secundo : «La poursuite du travail d'ajustement des conditions tarifaires permettant aux chauffeurs d'améliorer leurs revenus.» La plateforme de mise en relation affirme : «Nous n'hésitons pas à toucher aux facteurs de prix si besoin.» Uber avance que «ce genre de changement tarifaire ne se fait qu'avec grande prudence, après des tests, car s'ils ont pour conséquence que les passagers se détournent des VTC, tout le monde sera perdant, chauffeurs comme applications.»

Un argumentaire qui ne convainc pas la CFDT, Actif-VTC et UDCF. D'une seule voix, ils dénoncent «l'immaturité» du géant américain «à mettre en place un dialogue social constructif faisant avancer l'ensemble du secteur des VTC». Le collectif syndical estime qu'Uber «porte l'entière responsabilité de l'échec des négociations». En conséquence, elle demande «à être reçue très vite par le secrétariat d'Etat aux Transports pour discuter d'un tarif minimum applicable au secteur». La supplique a été prestement entendue : le cabinet du secrétaire d'Etat aux Transports annonce que ce dernier, Alain Vidalies, recevra l'intersyndicale des chauffeurs de VTC en fin de semaine prochaine.