Chose promise, chose due. Comme annoncé le 17 mars lors de sa visite à Amiens, Bernard Cazeneuve a reçu les neuf représentants syndicaux de l’usine Whirlpool à Matignon, ce jeudi matin. Ils étaient entourés de Christophe Sirugue, secrétaire d’Etat à l’Industrie, de Myriam El Khomri, ministre du Travail, de Pascale Boistard et Barbara Pompili, secrétaires d’Etat et élues de la Somme, ainsi que de plusieurs élus locaux.
L’objectif : rassurer les quelque 290 employés de Whirlpool et la centaine du sous-traitant Prima, en charge des plastiques, qui risquent de finir sur le carreau. L’usine qui les emploie devrait effectivement fermer en juin 2018. Mais avant que l’activité ne soit délocalisée en Pologne, un repreneur du site doit être recherché, comme le prévoit la loi Florange.
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Au terme d'une réunion de près de deux heures, les syndicalistes ont annoncé la mise en place d'une commission visant à assurer le suivi du dossier, au-delà de l'élection présidentielle. Mais ils n'ont toujours pas d'informations concernant les éventuels repreneurs, dont les noms restent secrets. Tout ce qu'ils savent à l'heure actuelle, c'est qu'ils seraient au nombre de 15 et que deux d'entre eux auraient un projet «particulièrement intéressant», selon Christophe Sirugue. Lors d'un point presse à Bercy, le secrétaire d'Etat avait par ailleurs précisé ne pas nécessairement chercher un repreneur unique, mais peut-être deux ou trois.
La rencontre de ce matin servait donc principalement à rassurer les employés du site. «Ils vont s'assurer que ce sont de vrais projets industriels et pas une chasse aux subventions», a expliqué Cécile Delpirou, déléguée syndicale CFE-CGC du site à Amiens. Les syndicalistes restent cependant sur leurs gardes. «En comité central d'entreprise, il a été dit que le pourcentage de chances de réalisation était de 30% pour l'un, de 40% pour l'autre, a-t-elle poursuivi. On n'a pas encore tué l'ours.»
«Un repreneur, c’est bien, mais pour combien de temps ?»
Il faut dire que c'est la première fois que l'obligation de trouver un repreneur avant la fermeture d'un site est testée. Elle fait partie de la loi Florange, adoptée en mars 2014 après l'arrêt des hauts fourneaux du site de Moselle. Frédéric Chanterelle, syndicaliste de la CFDT, craint d'ailleurs que le repreneur ne laisse rapidement tomber les employés de Whirlpool. Dans un article du Parisien, il s'interroge : «Un repreneur, c'est bien, mais pour combien de temps ? Et gardera-t-il tous les salariés ?» La moyenne d'âge dans l'entreprise étant de 48 ans, avec une importante prévalence de «troubles musculo-squelettiques», le doute est permis.
Pas tout à fait rassurés, les salariés de Whirlpool seront donc présents à Paris, mardi 18 avril, pour manifester sur le Champ-de-Mars. Ils en profitent pour donner rendez-vous aux candidats à la présidentielle. Un clin d'œil aux politiques qui s'insurgent contre la fermeture du site, comme Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud ou encore Marine Le Pen. Emmanuel Macron, qui avait annoncé qu'il irait à la rencontre des salariés de Whirlpool lors de son passage à l'Emission politique de France 2, sera également attendu.