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Libération
Bâtiment

Née au siècle de Louis XIV, Saint-Gobain s'offre une tour vitrine pour celui qui vient

L'ex-Manufacture, qui eut la galerie des Glaces comme commande de départ, a posé la première pierre de sa tour à La Défense, futur siège et vitrine de ses produits high-tech.
La futur tour Saint-Gobain à la Défense. (Photo DR)
publié le 19 avril 2017 à 19h40

En participant ce mercredi à la pose de la première pierre de la future tour Saint-Gobain à La Défense, Patrick Devedjian, président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, a eu ce compliment à sa façon : «Saint-Gobain est la plus ancienne entreprise française. Et la seule fondée par Colbert qui ait survécu.» Fondée en 1665, la Manufacture royale des Glaces, pionnière des nouvelles technologies de l'époque, avait mis au point les miroirs de la galerie des Glaces du château de Versailles. Son nouveau siège doit, de la même manière, lui permettre de déployer tout son savoir-faire.

Pour Pierre-André de Chalendar, PDG de la société, la tour que les architectes de Valode et Pistre ont dessinée est certes le futur siège social mais, surtout, «ce sera la vitrine de notre savoir-faire». Verrier au départ, Saint-Gobain se présente aujourd'hui comme le «leader mondial sur le marché des matériaux de performance», selon ce qu'on lit dans le dossier de presse.

Anfractuosités improbables

Dans le propos de son patron, cela donne une longue liste de produits Saint-Gobain qui seront utilisés dans la construction de la tour : «Activ'Air qui assainit l'air intérieur, Weber Sols un mortier fluide optimisé, Sage Glass un vitrage intelligent qui se module en fonction de la lumière, Plafométal un plafond acoustique qui chauffe et qui rafraîchit, Ecophon…» Le dirigeant abrège là cette liste qui comporte au total «plus de 80 matériaux» qu'on retrouvera dans l'édifice où seules les poignées de porte échapperont à l'empire Saint-Gobain. Et encore…

Avec 165 mètres de hauteur et 38 étages, la tour Saint-Gobain est typique de la façon dont les constructions de La Défense se glissent au chausse-pied dans des anfractuosités improbables. En l'espèce, le terrain est cerné de tours, ce qui ne facilite pas le chantier mais en fait un emplacement «idéalement situé entre le parvis et le boulevard circulaire», résume l'architecte Denis Valode. Destinée à abriter 2 500 salariés, cette «grande sculpture, basée sur des losanges plus que sur des carrés», est édifiée à trois pas du siège actuel.

Même si La Défense rénove et rhabille couramment ses tours, le quartier n'en voit pas souvent pousser de nouvelles. Dans le cas d'espèce, l'investisseur (propriétaire des murs) est l'assureur italien Generali, fondé en 1831, qui possède «la moitié de la place Saint-Marc à Venise» comme l'explique Gabriele Galateri, son président. Le constructeur est Vinci, qui n'a «que 120 ans», comme le dit Xavier Huillard, son PDG.

Patrick Jarry, maire de Nanterre et président de l'Epadesa, l'établissement public d'aménagement du quartier, veut voir dans cet édifice «un signal positif pour La Défense et son avenir». Comme quoi, il n'est pas nécessaire d'être un perdreau de l'année pour le lancer.