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Tati en redressement judiciaire : des magasins passeront à la trappe

Le tribunal de commerce a donné trois semaines aux candidats à la reprise de l'entreprise pour peaufiner leur offre. Le nombre d'emplois sauvegardés et de boutiques reprises seront déterminants. Actuellement, aucun ne propose de garder tous les salariés.
Manifestation des salariés de Tati, ce jeudi à Barbès. (Photo Boris Allin. Hans Lucas pour Libération)
publié le 4 mai 2017 à 19h02

Le compte à rebours a commencé pour Tati. L’enseigne au logo vichy rose a été placée, ce jeudi, en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Les juges ont décidé d’une période d’observation de six mois pour l’entreprise en difficulté financière (60 millions d’euros de pertes en 2016) qui cherche un acquéreur depuis plusieurs mois.

Les candidats à la reprise de Tati sont convoqués le 29 mai par le tribunal pour présenter leur offre. Ils sont attendus sur les conditions sociales de leur projet et le nombre de magasins qu'ils s'engagent à reprendre. Sans attendre le dépôt des copies, quelques dizaines de salariés se sont rassemblés, ce matin, devant le magasin historique de Tati, boulevard Barbès (Paris, XVIIIe arrondissement), histoire de se rappeler au bon souvenir de l'opinion publique. Mais aussi des élus et des candidats à la présidentielle qui, jusqu'à présent, n'ont pas été particulièrement sensibles au devenir de l'enseigne.

A ce jour, six offres de reprises sont connues mais elles n'ont pas soulevé un enthousiasme délirant chez le vendeur : le chausseur Eram, propriétaire de Tati depuis 2007. En effet, aucun acheteur ne propose de reprendre l'intégralité des 140 magasins et des 1 754 salariés. En outre, tous les candidats ont proposé des propositions conditionnelles, et non pas fermes. «Et certaines de ces conditions ne sont pas acceptables», estime Michel Rességuier, le PDG de Tati. Ainsi, l'un des candidats se propose de racheter le stock de vêtements pour 1 euro symbolique. Durant les trois semaines qui viennent, les six prétendants vont être incités à améliorer leur proposition.

Photo Boris Allin. Hans Lucas pour Libération

Il y va de l'avenir même de la marque créée par Jules Ouaki en 1948. Un certain nombre d'offres de reprise porte sur un nombre faible de magasins ce qui entraîne, ipso facto, la disparition de l'enseigne. Il semblerait que seule la proposition de Philippe Ginestet, fondateur du réseau de magasins Gifi, conserve le nom Tati. Il serait aujourd'hui le mieux-disant avec 100 boutiques reprises et 1 200 salariés, ce qui lui attire les faveurs des salariés. «Si ce n'est pas Gifi qui est retenu, l'enseigne pourrait disparaître», s'inquiète Tahar Benslimani, délégué central CFDT.

Les salariés, qui vont auditionner tous les candidats à la reprise, auraient déjà obtenu de la direction que chaque magasin repris le soit avec la totalité des salariés qui y sont attachés. Reste que pour le moment, les offres des six candidats à la reprise ne couvrent que les deux tiers des magasins du réseau Tati et par voie de conséquence les salariés qui y sont attachés. Le mieux disant social sera donc au menu des trois semaines de négociations à venir.

Photo Boris Allin. Hans Lucas pour Libération