Après «le mal de l’espace», place au «mal de terre». Mardi, au mieux, l’astronaute français Thomas Pesquet et ses trois acolytes amerriront sur les côtes floridiennes après six mois de mission passée dans la Station spatiale internationale (ISS), à 400 kilomètres de la Terre. «La fin d’une aventure formidable», comme l’a tweeté il y a peu le Français.
La fin d'une aventure formidable : on est prêt à rentrer sur Terre et à retrouver nos proches. Je n’aurais pu espérer de meilleurs coéquipiers pour partir dans l’espace. Je l'ai dit sur le pas de tir, j’y crois toujours fermement après 6 mois ensemble dans une boîte de conserve ! pic.twitter.com/fzqGbjWS5h
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) November 6, 2021
Mais en reposant le pied sur terre, de nouveaux défis physiques l’attendent. Car Thomas Pesquet n’a pas senti le poids de son corps depuis des mois. Un retour brutal. «Vivre près de 200 jours en gravité 0 fait qu’on a du mal à se mettre debout, à retrouver l’équilibre», expliquait en 2017 à Libé Francis Rocard, responsable des programmes d’exploration du système solaire au Centre national d’études spatiales (Cnes). Heureusement, l’effet est réversible. Mais comme l’a si bien dit l’astronaute, «la gravité, ça craint». Et ses effets sont multiples. Il faudra quelques heures voire quelques jours au voyageur de l’espace pour retrouver la pleine forme.
On voit moins bien
«Dans l'espace, on a un problème de vision. Un effet oculaire qui déforme le globe oculaire et la géométrie de l'œil», signale le spécialiste, même si, encore une fois, tout est censé revenir à la normale après le retour sur Terre.
On a les os fragiles
Autre problème, celui de la décalcification osseuse. Autrement dit, la baisse importante de la teneur en calcium dans les os. Conséquence : on peut se les casser. «Les effets sont proportionnels à la durée passée dans l'espace, poursuit Francis Rocard. Peu de Français sont restés six mois dans l'espace», à l'instar de Jean-Pierre Haigneré.
On perd du muscle
En apesanteur, les muscles sont au repos. Du coup, la perte peut être sensible. Pour tâcher de maintenir la masse musculaire, les astronautes s’astreignent à deux heures de sport par jour. Dans l’ISS, ils possèdent notamment un tapis roulant sur lequel ils sont maintenus au sol grâce à des élastiques.
Les expériences made in France #6 : Immersive Exercise
— CNES (@CNES) May 25, 2021
À bord de la @Space_Station, les astronautes doivent faire 2h de sport par jour. Avec Immersive Exercise il peuvent pédaler en VR à Paris ou Saint-Pétersbourg 🚴
Avec @FitImmersion, @oculus et @danish_company#MissionAlpha pic.twitter.com/rh61MlhO3W
On grandit
Si la gravité a tendance à tasser, l’apesanteur fait l’effet inverse. On gagne des centimètres. Les examens que subira Thomas Pesquet devraient confirmer qu’il a bien gagné en taille.
On peut subir des radiations
Même si l’ISS sert de protection, le Français a pu être exposé à des radiations émanant notamment des éruptions solaires. Bien que la quantification des risques se fait sur une échelle de 20 ans selon la NASA, le risque de cancer induit par les radiations ne se pose pas pour Thomas. En revanche, le problème se posera pour les futurs vols habités vers Mars compte tenu de la longue durée des vols.
Plus anecdotique, les astronautes sont moins performants quand ils sont dans l'espace qu'en phase d'entraînement. Le scientifique sourit : «Ils deviennent bêtes arrivés dans l'espace.» Un effet cognitif dont on ne connaît pas encore la cause. Sur Terre, Thomas Pesquet devrait retrouver toutes ses facultés…
Si son état le permet, le Français se rendra rapidement au Centre européen des astronautes à Cologne, en Allemagne, pour y être surveillé et pour y subir toute une batterie de tests à visée scientifique et un programme de rééducation intense pour se réadapter à la vie sur Terre.
Mise à jour : article republié le 7 novembre avant le retour de Thomas Pesquet sur Terre, en début de semaine