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Climat : Nicolas Hulot entre deux eaux

Fin de la vente des voitures diesel et essence en 2040, neutralité carbone en 2050, plan d’isolation des bâtiments… Le ministre de la Transition écologique a présenté jeudi sa feuille de route, conforme aux promesses d’Emmanuel Macron mais qui reste à concrétiser.
Francisca Chagas dos Santos, en 2015 à Rio Branco (Brésil). Photo de l'expo de Gideon Mendel, «Un monde qui se noie», à Arles jusqu'au 24 septembre. (Photo Gideon Mendel)
publié le 6 juillet 2017 à 20h26

Un élément du plan climat présenté jeudi matin par Nicolas Hulot a fait grand bruit : la fin de la vente de voitures à essence et au diesel en 2040. Cet objectif, que le ministre de la Transition écologique et solidaire qualifie de «véritable révolution» bien que d'autres pays l'aient déjà fixé pour 2030 (dont l'Inde), figurait dans le programme d'Emmanuel Macron. Surtout, il n'est pas encore assorti de mesures concrètes pour y parvenir. Nicolas Hulot l'a dit : le plan climat «n'est pas une fin en soi», mais une «colonne vertébrale à laquelle on pourra ajouter des vertèbres», un «cap» à décliner au fil du quinquennat. Plutôt une feuille de route et la confirmation de grandes orientations.

Son but : «Accélérer la mise en œuvre de l'accord de Paris sur le climat, qui lui-même n'était pas une fin en soi.» Car les engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pris à Paris ne permettent pas d'atteindre l'objectif de l'accord (contenir le réchauffement «bien en deçà de 2°C», voire à 1,5°C) et doivent pour cela être révisés à la hausse, a rappelé Hulot.

Parmi les objectifs majeurs présentés jeudi, figure celui de faire de la France un pays «neutre» en carbone à l'horizon 2050. C'est plus ambitieux que le cap actuel (diviser par quatre les émissions de GES d'ici à 2050). En clair, il s'agira à cette échéance de «trouver un équilibre entre les émissions de GES de l'homme et la capacité des écosystèmes à les absorber». Parmi les mesures, souvent déjà annoncées, la «disparition des passoires thermiques» en dix ans (les 7 millions de bâtiments très mal isolés et énergivores), une prime aux ménages modestes pour les aider à se débarrasser de leurs véhicules diesel d'avant 1997 et essence d'avant 2001, dont le montant reste à préciser (le candidat Macron promettait 1 000 euros). Mais aussi la fin des nouveaux permis d'exploitation d'hydrocarbures ou, plus inattendu mais majeur car la déforestation est responsable de plus de 10 % des émissions mondiales de GES, la fin de la «déforestation importée» (notamment huile de palme ou soja OGM pour notre bétail) qui ravage les forêts d'Amazonie, d'Asie du Sud-Est et d'Afrique.

Restent deux grands absents : le nucléaire et les financements climat. Hulot s’est contenté de réaffirmer l’objectif de 50 % d’atome dans le mix électrique en 2025, déjà dans la loi, sans dire comment faire. Et pas un mot au sujet de la taxe sur les transactions financières, qui pourrait pourtant financer l’action climatique.