Vous ne connaissez pas ces artistes ? C'est normal, ils pourraient bien ne pas exister. C'est ce qu'assure le site américain Music Business Worldwide (MBW) qui vient de publier une liste de 50 «faux artistes» qui auraient été créés puis produits par le géant suédois du streaming, Spotify. Les titres de ces musiciens fantômes se feraient ensuite inclure par le leader mondial du streaming dans les playlists les plus écoutées du moment, telles que «Peaceful Piano», «Ambiant chill» ou «Sleep», dans le but de les faire entendre à ses fidèles auditeurs pour accumuler les écoutes.
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«Aucun commentaire»
La musique existe bel et bien : elle est composée à prix fixe par des anonymes. Leurs droits d'auteur, eux, vont dans la poche de Spotify. Rien de vraiment illégal si les compositeurs ont accepté ce contrat, mais pas très moral côté consommateur. Contacté par Libération, Spotify ne souhaite apporter «aucun commentaire» à ces accusations.
Selon MBW, la production musicale de ces 50 artistes capitaliserait plus de 520 millions d’écoutes pour un gain total de 3 millions de dollars. Ce qui représenterait un manque à gagner conséquent pour les maisons de disques, puisque la mise en avant de ces faux personnages éclipserait certains poulains (bien réels) des labels.
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Difficultés économiques
La suspicion traîne depuis août 2016, toujours relayée par le même site qui expliquait déjà que des musiciens seraient payés par la plateforme pour composer des titres à un tarif fixe. Cela afin que le site puisse conserver les recettes mirobolantes obtenues grâce aux lectures des chansons. Mais elle prend désormais une autre ampleur avec ces nouvelles révélations. Qui se vérifient quand on constate que ces noms, s'ils sont bien présents sur les listes de lecture de Spotify, n'ont pas de pages Facebook ni de comptes Twitter et encore moins de sites web officiels… Une discrétion rare chez les artistes habituellement avides de se faire connaître du grand public.
Le choix de ces méthodes pourrait trouver une explication dans la difficile quête d’un modèle économique rentable pour le Suédois. Car même s’il compte 140 millions d’utilisateurs, dont 50 millions d’abonnés payants, et a enregistré un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars en 2016, il a tout de même doublé ses pertes sur une année (539 millions de dollars). Le faux pour combattre la réalité des finances ? Avec ces révélations, la question se pose.