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GM&S pas encore sorti d'affaire

Le sous-traitant automobile placé en liquidation judiciaire a fait l'objet d'une réunion de la dernière chance à Bercy. Le principe d'une reprise de l'entreprise est acquis, mais les modalités financières et le montant des indemnités de licenciement doivent encore être âprement discutés.
Première réunion à Bercy de l'ensemble des acteurs du dossier de l'équipementier automobile creusois GM&S, en liquidation judiciaire, présidée par le ministre des Finances Bruno Le Maire, le 11 juillet 2017 (Photo FRANCOIS GUILLOT. AFP)
publié le 12 juillet 2017 à 9h14

Plus de quatre heures de réunion au centre de conférence de Bercy, mardi après-midi, afin de tenter de trouver une solution pour le sous-traitant automobile basé dans la Creuse GM&S. Il s’agissait un peu de la réunion de la dernière chance avant une audience déterminante, le 19 juillet, devant le tribunal de commerce, qui décidera du sort de cette entreprise déjà placée en liquidation judiciaire. De manière à bien marquer l’enjeu, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, flanqué du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, Benjamin Griveaux, ont tous deux assisté aux discussions. Autour de la table, les représentants des salariés de GM&S, le candidat à la reprise Alain Martineau PDG de la société GMD et des cadres de PSA (Peugeot-Citroën) et Renault les deux principaux donneurs d’ordres auxquels GM&S vend ses pièces automobiles.

De l'avis général, la réunion s'est tenue dans une ambiance studieuse et sereine. Elle a apporté une bonne nouvelle aux salariés qui craignaient de recevoir une lettre de licenciement en plein été. Le repreneur de GM&S, GMD ne reprendra l'activité qu'au 1er septembre. D'ici là, l'Etat a fait savoir qu'il trouverait le moyen de financer les salaires pendant le mois d'août. En revanche, cette réunion n'a pas permis d'avance notable sur les autres points chauds du dossier.

Le principe d'un plan d'investissement de modernisation de l'outil de production, à hauteur de 20 millions d'euros a été acté. L'Etat ayant déjà accepté d'y mettre 5 millions, idem pour Renault. En revanche, PSA ne s'est pas engagé fermement sur une somme équivalente et ce blocage commence visiblement à agacer l'Etat. Selon les informations obtenues par Libération, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire aurait déjà eu plusieurs discussions avec le numéro 1 de PSA, Carlos Tavares, sur ce sujet.

Guéguerre Peugeot-Renault

Pas d’avancée, en revanche, sur le nombre d’emplois repris. Seuls 120 salariés sur 280 conserveront leur poste de travail. GMD justifie ce chiffre par le fait que les deux principaux donneurs d’ordres, PSA et Renault, ont plafonné leurs commandes à 12 et 10 millions d’euros par an.

Reste enfin un point dur, sur lequel les négociations n’ont même pas débuté. Les salariés licenciés percevront entre 7 000 euros et 15 000 euros d’indemnités légales. Ils demandent un complément constitué par une somme supra légale, qui devrait, selon les organisations syndicales, être réglé par PSA et Renault, puisqu’ils sont les principaux donneurs d’ordre de GM&S. D’après plusieurs sources, Renault ne serait pas opposé à cette pratique coutumière dans la sous-traitance automobile, et aurait même procédé à une étude en ce sens. La marque au losange refuse, cependant d’en supporter seule la charge financière. Or PSA rejette catégoriquement le principe même de cette indemnisation, en considérant qu’il est un client de GM&S et pas un employeur. La concurrence frontale entre les deux principaux constructeurs auto et l’inimitié notoire de leurs PDG respectifs s’illustrera-elle aussi sur ce dossier et au détriment des salariés de GM&S appelés à être licenciés ?