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Bruno Le Maire sur GM&S : «Nous n’abandonnerons personne et ce site restera ouvert»

En visite (surprise) dans l'usine de La Souterraine, le ministre de l'Economie a annoncé que Renault et PSA avaient accepté d'apporter les investissements exigés par le repreneur. Le tribunal de commerce, lui, a prolongé la poursuite de l’activité jusqu'à lundi, le temps de recevoir une offre de reprise ferme.
Un employé de GM&S, 28 ans d'ancienneté, avec Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, ce mercredi sur le site de La Souterraine. (Photo Pascal Lachenaud. AFP)
publié le 19 juillet 2017 à 18h28

Ce mercredi en début d’après midi, Bruno Le Maire s’est rendu à La Souterraine, au chevet de l’équipementier creusois GM&S toujours menacé de liquidation. Apprenant qu’il n’y aurait personne pour troubler son passage, le ministre de l’Economie, qui devait originellement se rendre à la mairie a, à dix minutes de son arrivée, décidé de se rendre dans l’usine qui défraye la chronique depuis huit mois.

«Je suis venu vous dire que nous n'abandonnerons personne et que ce site restera ouvert», martèle-t-il face caméra à l'avant-plan d'une scène où l'on distingue, deux pas derrière, son secrétaire d'Etat, Benjamin Griveaux, principal acteur de la négociation menée à Bercy depuis plusieurs semaines. Mine grave et lèvres serrées, ce dernier ne prononce pas un mot qui puisse troubler l'événement mis sur pied pour passer l'éponge sur les multiples cafouillages du début de semaine. Fini les volte-face de PSA sur son engagement ou d'Alain Martineau, patron de GMD, sur son offre : telle est la promesse du ministre de l'Economie. Mais conscient sans doute que les prochains jours seront cruciaux, Le Maire est avant tout venu faire passer un message : si l'usine vient à fermer, ce ne sera pas de sa faute.

«En janvier, ce site risquait la fermeture. Depuis notre intervention, nous avons trouvé un repreneur sérieux, nous avons convaincu les constructeurs de réinvestir sur ce site qu’ils avaient décidé d’abandonner, et je veux les féliciter de leur sens des responsabilités. Nous nous sommes battus pour trouver une solution, aujourd’hui nous en avons une. Je préfère avoir un repreneur sérieux avec un projet raisonnable que vendre des mensonges et des illusions.»

Plus tôt dans la matinée, le tribunal de commerce avait en effet prolongé de cinq jours la poursuite d'activité, mettant son délibéré à lundi. Sorte d'ultimatum juridique par lequel il indiquait, entre les lignes, que faute d'offre ferme et sans condition de GMD d'ici lundi à 14 heures, la liquidation n'était pas impossible. «Le tribunal n'a que deux options, soit il liquide, soit il prolonge une dernière fois la poursuite d'activité parce qu'il a une offre ficelée à étudier», résumait MJean-Louis Borie, l'avocat des salariés à la sortie du tribunal.

«On va être formés à être chômeurs !»

Bruno Le Maire est aussi là pour faire des «annonces». «Je suis venu pour vous annoncer que nous avons obtenu 22 millions d'euros de commandes de la part de Peugeot et Renault pour les années à venir, mais également les 15 millions d'euros d'investissements demandés par le repreneur.» Ce dernier point fort d'achoppement entre les parties serait donc dénoué. «L'Etat apportera 5 millions, Renault 5 millions et Peugeot 5 millions, et je me félicite que Carlos Tavarès [le PDG de PSA, ndlr] ait finalement pris cette décision [mardi] soir», ajoute le ministre.

Pour les salariés, Le Maire précise enfin qu'il y aura «des aides à la mobilité et le doublement de la prime à la formation, qui sera portée à 5 000 euros par salariés licenciés». «On va être formés à être chômeurs !» lui lance un ouvrier sur place. Signe que les tensions sur ce dossier ne sont pas éteintes, aucun représentant du personnel, ni FO ni CGT, n'a accepté d'être présent lors du passage de Le Maire, qui a pu visiter l'ensemble du site en compagnie du préfet de la Creuse, du député En marche du cru Jean-Baptiste Moreau et d'une poignée d'ouvriers.

«A partir de là, on peut reconstruire»

«Je suis heureux d'être venu ici, car j'ai découvert un beau site de production qui ne mérite pas de crever. Tout le travail que nous avons fait ensemble, Etat, constructeurs, repreneur et salariés…, aujourd'hui je comprends pourquoi on l'a fait. On l'a fait parce que c'est une belle usine, qui doit rester vivante et retrouver de la force de production. On redémarre sur une base qui, j'en ai conscience aujourd'hui, n'est pas satisfaisante pour les salariés, mais c'est une base de départ, et à partir de là on peut reconstruire.» Et de conclure, n'y tenant plus de clore l'épineux dossier creusois : «J'ai bon espoir maintenant que GMD déposera une offre en bonne et due forme, qu'elle sera acceptée et que le travail pourra reprendre très vite.»

Pourtant, moins de quatre heures plus tôt, devant le tribunal de Poitiers, le PDG de GMD faisait valoir que les conditions à la reprise n’étaient pas levées, notamment en matière de bail locatif pour l’exploitation des lieux. Tandis qu’à plusieurs centaines de kilomètres de là, le blocage par une partie des salariés de GM&S du site Renault de Villeroy (Yonne) était quant à lui reconduit en assemblée générale.