Comme son nom ne l'indique pas du tout, l'ourson d'eau (ou tardigrade) est relativement moche, et surtout extraordinairement fort. On peut certes le tuer en l'écrabouillant ou en le coupant en deux, mais pourtant, il possède des super-pouvoirs. Cette petite bête de moins d'un millimètre et dotée de huit pattes griffues, proche de la famille des arthropodes, est capable de supporter des environnements qui dépassent l'entendement.
On savait déjà que dans certaines conditions elle résistait à des pressions, des températures et des radiations extrêmes (et même au vide spatial), que malgré une durée de vie «active» de moins de trois ans, elle pouvait rester planquée des dizaines d'années sous la glace dans un état proche de la mort clinique grâce à un mécanisme appelé «cryptobiose», mais des scientifiques viennent d'enfoncer le clou : le tardigrade nous enterrera tous.
Dans une étude publiée le 14 juillet par Scientific Reports, trois chercheurs du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics et de l'université d'Oxford affirment que cet embranchement survivrait à des événements cataclysmiques, tels que la collision entre la Terre et un astéroïde. Même les explosions de supernovæ et les sursauts gamma (trop éloignés) ne seraient pas des menaces. Les oursons d'eau devraient donc continuer de gambader un peu partout sur la planète jusqu'à la mort du Soleil… bien après l'extinction de l'humanité.
«Il est possible que d'autres espèces résistantes existent dans l'univers, explique le coauteur de l'étude Rafael Alves Batista. Dans ce contexte, il y a un vrai intérêt à rechercher de la vie sur Mars et dans le système solaire.» Il n'est pas stupide d'espérer que des bestioles de ce genre se promènent (ou fassent une longue sieste) quelque part au-dessus de nos têtes.