Cela faisait des mois que Devialet, la start-up française du son haut de gamme aux ambitions monstres, annonçait qu’elle allait accorder à des partenaires tiers des licences sur son portefeuille de technologies et de brevets. Après l’entrée l’an dernier de Renault au capital de la jeune société, lors d’une levée de fonds d’un montant record de 100 millions d’euros, on attendait l’arrivée de ce son de luxe à bord de voitures. C’est finalement la télévision qui va embarquer en premier des technologies Devialet (en dehors de ses propres produits).
Le fabricant de l'enceinte connectée Phantom – prix d'entrée 1 600 euros, plus de 2 000 pour la version haut de gamme dite «Gold» – a dévoilé ce jeudi un accord avec le groupe britannique de télévision Sky afin de commercialiser un nouveau système audio qui sera proposé à ses 12 millions de clients au Royaume-Uni et en Irlande dès l'automne. Disponible à un prix variant selon le niveau d'engagement de ses abonnés (entre 249 et 799 livres sterling, soit de 340 à 900 euros), le «Sky Soundbox» se présente comme un système audio compact qui produit un son immersif comparable à un home cinéma. Il permettra, par exemple, d'adapter automatiquement le niveau sonore afin d'éviter les distorsions de volume ou encore de modifier la «couleur sonore» de la box selon le type de programme regardé.
«Démocratiser notre son»
Ce premier accord de licence est censé permettre à Sky de fidéliser ses clients et d'en attirer de nouveaux en vantant la qualité du son haut de gamme de sa nouvelle box, là où celui des téléviseurs reste généralement très médiocre. Pour Devialet, dont l'activité restait jusqu'ici mono-produit, cette collaboration va permettre d'entamer une diversification de revenus dans sa vision industrielle et de s'imposer comme «le leader mondial du son», comme n'hésite pas à le déclarer son PDG, Quentin Sannié. «Cet accord nous permet de démocratiser notre son émouvant et immersif», a-t-il vanté à l'AFP en insistant sur «les magnifiques écrans des téléviseurs aujourd'hui mais dont la qualité sonore reste très mauvaise».
Concrètement, la marque française va fournir ses logiciels ainsi que certains composants, comme les haut-parleurs, et partager ses spécificités techniques avec Sky dans un accord de co-développement industriel. Mais alors que le Phantom est produit par Devialet dans ses propres usines, toutes localisées en France, la production des nouvelles box sera déléguée à un sous-traitant.
Devialet est par ailleurs en discussion pour d’autres accords de licences, avec notamment des producteurs de contenus et des constructeurs automobiles. Ils pourraient être annoncés à la rentrée. En plein essor, le marché des assistants vocaux intelligents – comme le système d’intelligence artificielle Alexa d’Amazon lancé en 2015 – représente un autre secteur où Devialet pourrait pousser ses pions. Véritable succès commercial, l’enceinte connectée à tout faire d’Amazon Echo n’est pas particulièrement réputée pour ses qualités sonores…
La bourse en ligne de mire
Fondée en 2007, Devialet, qui compte dans son capital de grands noms de la tech et des affaires (Xavier Niel, François Pinault, Bernard Arnault…) mais aussi des mastodontes industriels de l’électronique grand public (comme le taïwanais Foxconn, principal sous-traitant d’Apple), a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros, soit le double de 2015. Et moitié moins qu’en 2017, espère son PDG.
La société, dont les produits sont vendus dans les Apple Store et les Fnac et qui a ouvert de nombreux espaces à son nom afin de maîtriser une distribution très sélective de son Phantom – elle inaugurera une boutique à l’intérieur de l’Opéra Garnier à la mi-septembre – vise l’équilibre à court terme. Elle projette ensuite de s’introduire en bourse, d’où le besoin d’accélérer pour confirmer son potentiel auprès d’actionnaires. Les douze prochains mois seront décisifs.