Amazon, Facebook, Google, Apple, Netflix… Vous les utilisez plusieurs fois par jour. Des centaines de fois par jour. Ils ont au moins quatre points communs : ils sont américains, révolutionnent les services et la communication, façonnent l'avenir, et sont aussi doués dans leurs affaires que dans leur jeu de cash-cash avec les fiscs européens. Il faut que ces pratiques, certes permises par nos politiques fiscales, cessent. Et pas pour le seul plaisir de taxer. La loi, c'est la loi, et la différence entre l'optimisation et l'évitement fiscal est de moins en moins nette. Ces entreprises doivent participer au financement des infrastructures qu'elles utilisent, à la qualité de l'enseignement dont elles profitent, etc. Et elles doivent être imposées comme les entreprises européennes. Sinon le jeu de la «concurrence libre et non faussée», mantra de l'UE, est biaisé et peut empêcher l'envol des Gafa locaux. Il s'agit bien ici d'un problème qui déborde de nos frontières hexagonales : rien ne sera possible sans une approche harmonisée au niveau européen. A minima. Mais taxer, si on y parvient, ne suffira pas à définir une politique commune en matière numérique. On a beau jeu de s'enorgueillir des Silicon Paris, des Silicon Berlin, de Criteo, de Qwant et Spotify, il n'y a qu'une seule Silicon Valley. Souvenez-vous de Dailymotion, né avant YouTube, plombé par ses plus récents propriétaires. Ou Ericsson et Nokia, davantage vendus chez les antiquaires que dans les boutiques de téléphones. L'Europe continue à jouer en Ligue 2. Si elle veut exister à l'avenir, elle doit offrir une alternative à ces géants dans les secteurs comme la blockchain, l'intelligence artificielle…
Mais quelle alternative ? Pour quoi faire ? Et comment ? Il devient plus qu’urgent de se poser ces questions : elles sont aussi essentielles que le débat sur nos valeurs communes, notre défense, notre agriculture, etc. Taxer Google peut être un début de réponse. Mais n’avoir pour politique numérique que la taxation des Gafa serait in fine le terrible aveu d’un échec de l’Europe devenu dominion numérique américain.