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Libération
c’est quoi le bonheur ? (12/15)

Françoise Gageot : «Le bonheur est là, dedans, dehors, tout près»

C'est quoi le bonheur ?dossier
Tout l’été, ils se relaient pour nous donner leur définition. Ce lundi, Françoise Gageot reprend le flambeau de Meriem Menant et passe le témoin à Nathalie Madec.
Georges Brassens, le 24 octobre 1964 à Paris. (Photo AFP)
publié le 30 juillet 2017 à 17h06

«Le bonheur, quête ultime, éperdue, se cultive, dit-on. Pourtant, je n’ai pas la main verte. Mes amies vous le diront. J’aurais un don dont l’origine reste un mystère. Tentée de piocher dans le legs familial ? Ce n’est pas probant, il regorge de malheurs. Ces malheurs m’enseignent le bonheur, celui d’être. Parfois, je me retire des autres. La solitude, la frôler, s’y cogner, la connaître, la reconnaître et l’accepter. Désormais, j’y trouve du bonheur ! C’est possible car, par ailleurs, l’absolue nécessité de l’existence de l’autre, famille, enfant, ami, humain est comblée. Le bonheur est là, dedans, dehors, tout près. Dans un texte intelligent lu, nichée dans un bon matelas, dans un silence absolu. Dans l’écoute d’Higelin et de Brassens. Devant un bon film. Dans une balade au bord de mer. A l’abri d’une averse, un verre de vin à la main. Dans un éclat de rire, un papotage, une palabre, l’odeur du jasmin, du caoutchouc de l’enfance. Dans le bruit des mâts qui s’entrechoquent. Et les amis ! L’assurance que des jardins amis m’attendent pour y enterrer mes cadavres. Et mes jeunes élèves, bruyants, remuants, drôles, intelligents, vivants. Joie partagée au gré de leurs trouvailles, de leurs compréhensions, devenant miennes. Et puis mes enfants. Ils m’apprennent d’eux, de moi. Quand la vie est difficile. L’un d’eux, philosophe : «Maman, la mort, ça rend triste mais c’est la vie !» Son frère, plus matheux : «Encore de la philosophie. Moi, j’en ai rien à foutre de la philo !» La grande : «Quand on n’est pas d’accord, c’est dur, mais ça nous permet de comprendre, non ?» Des bonheurs : une partie de plage avec les copains, la préparation fébrile pour une pêche en mer ou en rivière, des morceaux joués à l’accordéon. Le bonheur de me sentir me transformer au fil de nos existences. Parfois, le bonheur s’éloigne. Nathalie Madec, pour qui «tant qu’on n’a pas tout essayé, on n’a rien essayé», est alors d’un grand secours