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Libération
C’est quoi le bonheur ? (13/15)

Nathalie Madec : «Faut-il être ignorant pour être heureux ?»

C'est quoi le bonheur ?dossier
Tout l’été, ils se passent le relais pour nous donner leur définition. Ce mardi, Nathalie Madec reprend le flambeau de Françoise Gageot et passe le témoin à Sylvie Lefeuvre.
Le cimetière du Nirvâna Memorial Park, en Malaisie. (AFP)
publié le 31 juillet 2017 à 18h36

«Bonheur, état de complète satisfaction, de plénitude», nous dit le Petit Larousse. Nos académiciens auraient-ils eu peine à définir cet état ? La joie quant à elle, serait «un sentiment de bonheur, mais limité dans le temps». Nous voici éclairés sur l’éternité du bonheur, souvent évoqué dans les religions soit comme un au-delà idyllique, soit comme un état accessible de son vivant après de fastidieux efforts pour élever sa spiritualité et sa capacité à être heureux de façon durable, quoi qu’il arrive. L’homme heureux se niche alors virtuellement dans une sorte de «caisson à bonheur». Le bonheur serait donc notre paradis, la vie après la vie, que l’on essaierait de toucher du doigt tout au long de notre existence, au travers de plaisirs épars. Un paradis recherché, mais aussi un paradis perdu, avec à peu près rien entre les deux, malgré nos revendications modernes : «Du bonheur, et vite !» Notre bonheur perdu serait celui de l’enfance et de l’insouciance. Voici venir le thème connu de «l’imbécile heureux». Faut-il être ignorant pour être heureux ? Ceux et celles qui connaissent le bonheur durable sont des religieux, des enfants, des innocents et des morts ayant atteint le jardin d’Eden, les 72 vierges, le nirvâna, que sais-je encore… Il nous faudrait donc attendre la fin ? Mais enfin, le bonheur nous est bel et bien accessible, à nous, commun des mortels. Avoir cette conscience de faire partie du Grand Tout, d’en constituer le terreau fertile, de communier avec la nature, n’est-ce pas une source de bonheur ? L’intensité de nos souffrances n’est-elle pas en rapport avec notre propension au bonheur ? Au fil du temps, la boucle se boucle, l’insouciance revient, le recul sur les difficultés et l’échelle des valeurs s’affine. Un beau matin, décidons d’être heureux, tout simplement. Il est une personne, qui fut le chêne et le roseau et qui jamais ne tourna le dos à ses rêves. C’est Sylvie Lefeuvre vers qui je vous envoie.