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Libération
C’est quoi le bonheur ? (3/15)

Carla Sozzani : «L’essentiel, c’est que les gens à côté de moi se sentent bien»

C'est quoi le bonheur ?dossier
Tout l’été, ils se relaient pour nous donner leur définition. Ce mardi, l’éditrice Carla Sozzani reprend le flambeau d’Emanuele Coccia avant de le transmettre à Fabrice Hergott.
Un enfant joue avec sa mère à Pékin, en 2008. (Photo Reuters)
publié le 7 août 2017 à 17h06

«Se poser la question du bonheur, ce n’est pas une constante dans ma vie. Il est très important de trouver le calme intérieur pour toucher le bonheur. C’est très actif, le calme. Je le suis de nature mais parfois je dois le rechercher. Le bonheur pur, je ne sais pas si ça existe et peut-être que ça n’existe pas. Je ne sais même pas si ça vaut la peine de le chercher. Le bonheur total, complet, ne dure généralement pas. J’aimerais trouver un bonheur imparfait mais constant, comprendre ce qui est vraiment important pour moi et les autres. L’essentiel, c’est que les gens à côté de moi se sentent bien. Si ma fille, l’homme avec qui je vis, Azzedine Alaïa qui par notre profonde amitié fait partie de ma famille, le père de ma fille, si tous n’étaient pas heureux, je serais malheureuse.

«La richesse du vrai bonheur, c’est aussi de se détacher des choses. Je suis passée par différentes étapes pour arriver à ça. A 29 ans, j’ai eu un grave accident de voiture. J’ai été défigurée. Mon visage a traversé la vitre d’une voiture. Je me suis dit que la beauté ne servait à rien, qu’être arrogante non plus. Quand je me regardais dans le miroir, je ne me reconnaissais plus. Je suis devenue plus humble. La résilience m’a fait du bien à tous les niveaux. On se rend compte de la valeur des choses dans les situations dramatiques. C’est terrible, mais on est mieux après. Après la mort de ma sœur, il y a quelques mois, tout est devenu très relatif. J’ai trouvé ma façon d’être heureuse en devenant encore moins sociable, en restant à mon bureau seule quand tout le monde sort à des fêtes et des dîners. Il peut y avoir du bonheur dans la mélancolie. On se pose des questions, on réfléchit dans la mélancolie. Je ne veux pas qu’une dépression rentre dans ma vie. Je lui claque la porte au nez. Je vous envoie vers Fabrice Hergott. Il a trouvé le bonheur avec son fils qu’il a eu très jeune. Toute sa vie tourne autour de lui. Il m’a dit un jour : « Mon plus grand bonheur est de voir mon fils heureux. »»