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GM&S: au jour du jugement, le feuilleton n'est pas fini

Le tribunal de commerce de Poitiers, qui devait se prononcer sur la reprise du sous-traitant automobile ce lundi, a remis sa décision à jeudi. Les salariés vont reprendre les actions.
Jean-Louis Borie, l'avocat des salariés de GM&S, parle à la presse, à Poitiers, le 4 september 2017 (Photo GUILLAUME SOUVANT. AFP)
publié le 4 septembre 2017 à 19h01

Lundi le tribunal de commerce de Poitiers a prononcé un énième report de son délibéré sur l’offre de reprise de GM&S, ce sous-traitant automobile creusois, par l’industriel GMD. Sa décision sera connue jeudi dans la journée. La juridiction poitevine devrait entériner la cession de l’usine de La Souterraine à cet interlocuteur privilégié des constructeurs automobiles français, fortement poussé par l’Etat.

Arrivé peu avant 9h30, son PDG Alain Martineau, un homme plutôt discret, était présent lundi à l'audience de Poitiers durant laquelle il s'est abondamment exprimé. C'est ainsi que les représentants des salariés et leur avocat, Me Jean-Louis Borie, ont appris que ce n'est pas GMD mais la société Lame qui serait réactivée par le groupe pour reprendre l'activité. Une information nouvelle et inquiétante pour l'avocat car ladite société «ne dispose pas du capital d'un million d'euros promis par GMD».

Au cours de cette audience «sidérante» d'après l'avocat, le PDG de GMD aurait par ailleurs mentionné l'existence d'accords secrets le liant aux constructeurs français, et mettant des conditions à l'attribution des marchés arrachés de haute lutte par l'Etat et les syndicats au cours de l'été. «Une fois de plus, les constructeurs font la loi tout en laissant les représentants des salariés dans l'ignorance de certaines informations cruciales», a relevé Me Borie.

De quoi laisser les salariés, venus en rangs clairsemés, amers. «On nous a annoncé que GMD est la seule solution, que 120 emplois sauvés sur 277 c'est mieux que rien et qu'on a intérêt à se tenir tranquille», a résumé Yann Augras, délégué CGT. Mais, ajoute-t-il, «120 emplois, c'est une catastrophe pour l'emploi à La Souterraine et inacceptable pour nous.»

«Ça va se durcir»

De moins en moins audibles après plus de neuf mois de lutte, et alors que s'ouvre un nouveau chapitre social français avec la réforme du code du travail, les salariés de GM&S persistent. Ils annoncent la reprise des actions nationales dès mardi et pour toute la semaine. «Rien n'est joué définitivement. Une offre peut parfaitement être homologuée et continuer d'évoluer», a déclaré leur avocat, insistant sur le fait que deux sujets restaient à l'ordre du jour : «L'évolution du nombre d'emplois préservés et l'indemnisation des blessés.»

Pourtant le temps presse. Un comité d'entreprise, qui s'est tenu vendredi, a enclenché l'étape numéro un du plan social. De l'aveu même des représentants des salariés, les premiers noms des personnes concernées par les licenciements économiques pourraient être connus «sous huit à dix jours». De quoi faire monter la pression, car «il est hors de question que des gens qui ont donné trente ans de leur vie à cette boîte partent une main devant, une main dernière», selon Yann Augras. Qui promet: «Ça va se durcir et peut-être s'envenimer car, on peut le dire dès à présent, s'il faut s'affronter avec les forces de l'ordre, on s'affrontera» et évoque, pour mardi matin, le blocage d'un site constructeur stratégique en région parisienne.

L'enjeu de cette dernière bagarre est pour eux d'obtenir le financement d'une prime extralégale pour les licenciés. «Une demande recevable et logique», selon une source non syndicale et proche des négociations. Car «c'est quand même bien les constructeurs qui ont décidé de se retirer du marché français et d'aller à l'étranger. Il faut être honnête : l'essentiel de ces ouvriers, à leur âge et dans le département de la Creuse, ne deviendra pas des start-uper.»