Adaptation aux usages, deux-roues, politiques incitatives… Marc Guillemot, président de l’Association des véhicules électriques de Paris (Avep), donne sa vision de la transition électrique.
A Lyon, Paris et Grenoble, deux types de véhicules électriques (lire pages 6-7)ont reçu un accueil très différent. Pourquoi, alors qu’ils sont censés répondre à la même problématique du premier-dernier kilomètre ?
Il faut distinguer avant tout le transport individuel (Grenoble) et le transport collectif (Lyon et Paris). Dans le premier cas, l’intérêt de l’usager est immédiatement perceptible. Dans le second cas, il se moque de connaître le mode de propulsion du véhicule. De la même manière, il convient de distinguer Paris de Lyon ou de Grenoble. A Paris, il est aisé de vivre sans voiture, surtout si l’on vit en centre-ville. A Lyon ou Grenoble, le besoin de sortir de ville avec une voiture immédiatement disponible est sans doute plus important. Une famille parisienne pourra vivre sans voiture et prendre le TGV pour partir en week-end alors qu’une famille grenobloise aura sans doute besoin de sa voiture pour aller voir des amis dans la campagne ou aller faire du ski le dimanche.
Que présage l’avènement de la voiture électrique en matière de mobilité urbaine ?
A terme, les centres-villes des grandes agglomérations seront fermés aux voitures. Il est raisonnable d’imaginer que les véhicules électriques, du moins certains d’entre eux, auront un droit de cité que d’autres n’auront plus. Il en est de même pour les deux-roues. On ne parle pas assez de la pollution sonore. Or les deux-roues thermiques sont extrêmement bruyants.
Comment les pouvoirs publics peuvent-ils accompagner cette transition ?
Il faut changer les habitudes. Utiliser une voiture électrique reste contraignant : autonomie trop faible, temps de recharge trop longs, stations de recharge trop éparpillées. Il faut aider les usagers prêts à franchir le cap de la mobilité électrique. Par exemple, pourquoi la ville de Paris n'ouvre-t-elle pas les couloirs de bus aux voitures électriques ? C'était une promesse de campagne de Mme Hidalgo. Pourquoi les recharges Belib sont-elles si chères ? Pourquoi la préfecture de police enlève des voitures en charge sur les stations Autolib ? Bref, il y a encore peu de faits, surtout des annonces politiquement correctes.