Une donnée produite est une donnée potentiellement surveillée. Ce constat, valable pour la République populaire de Chine, vaut-il pour la France et les démocraties occidentales ? Depuis 2013, on sait que l'espionnage de la NSA américaine repose en partie sur la collaboration des géants du numérique (Facebook, Google et consorts), désormais membres à part entière du célèbre complexe militaro-industriel. La surveillance contemporaine des Etats, démocraties comprises, est une «coproduction» avec les acteurs privés. Même les écoutes judiciaires nécessitent, en France, le concours des opérateurs télécoms. Le Big Brother hexagonal paraît néanmoins bien riquiqui à côté du modèle chinois : les collectivités comptent quelque 100 000 caméras de vidéosurveillance, et les espaces privés environ un million. Les garanties légales, sans être des digues infranchissables, en limitent l'usage en encadrant la durée de conservation ou encore l'interconnexion des fichiers. Des remparts inexistants dans les dictatures. Mais la tentation de passer à l'étape d'après existe aussi en France : à Nice, laboratoire traditionnel de la surveillance, la ville s'est dotée d'un système de «vidéo protection intelligent» censé détecter automatiquement «tout comportement anormal».
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