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Libération

L’électrique, ça roule ?

Batteries. La décision d’abandonner son véhicule à essence peut générer des inquiétudes. Volant de questions.
publié le 11 avril 2018 à 19h46

Solution idéale aux problèmes de pollution ou fausse «bonne idée» vouée à l’échec ? La voiture électrique fait débat. Voici un rappel des principaux points d’interrogation.

1- Est-elle vraiment écolo ?

Si elle est bien «zéro émission» lorsqu'elle roule, ce n'est pas le cas de sa fabrication. Celle-ci génère des quantités non négligeables de gaz à effet de serre à différentes étapes : production de l'acier et du plastique, et énergie consommée pour extraire, épurer et transformer les métaux utilisés dans les batteries. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) estime néanmoins qu'«en France, les émissions de gaz à effet de serre induites par la fabrication, l'usage et la fin de vie d'un véhicule électrique sont actuellement deux à trois fois inférieures à celles des véhicules essence et diesel». Cela tient au mix électrique du pays, qui a peu recours aux énergies fossiles. Ce qui n'est pas toujours le cas ailleurs dans le monde.

2- Les prix vont-ils bientôt baisser ?

La baisse n'est pas pour demain. Il faudra attendre 2024 pour que le coût de propriété sur quatre ans (achat plus utilisation) d'une voiture électrique rejoigne celui d'une voiture essence - à environ 26 000 euros - d'après une étude du Bureau européen des unions de consommateurs. «Mais les modèles concernés auront la même autonomie que ceux d'aujourd'hui, environ 300 km», prévient Joseph Beretta, président de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).

3- Le parc électrique est-il prêt pour la transition vers la mobilité électrique ?

«La recharge de millions de véhicules à domicile sur des prises "lentes" de 3kW ne devrait pas poser de problème. On gère déjà des millions de chauffe-eau électriques», rassure Serge Pelissier, directeur de recherche à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar). Ce qui l'inquiète davantage, c'est la demande croissante pour des bornes de recharge rapide (de 22 à 350 kW) : «Le réseau électrique n'est pas dimensionné pour recharger rapidement des millions de véhicules.»

4- Les batteries peuvent-elles encore prendre feu ou exploser ?

Le risque existe. Des bus électriques et des Tesla Model S en ont fait les frais en Chine et aux Etats-Unis. Les causes ? Une recharge trop rapide, trop longue, ou dans des conditions extrêmes de température, augmente le risque de court-circuit interne. Par ailleurs, la pression sur les coûts des batteries ne profite pas toujours à leur sécurité ; certains constructeurs privilégiant des composants de moindre qualité. Cela dit, le nombre d’incidents reste faible rapporté à la quantité de batteries lithium-ion produites dans le monde - pour les véhicules mais aussi les smartphones et ordinateurs portables.

5- Et la voiture à hydrogène dans tout ça ?

Elle est électrique ! Sauf que le jus ne vient pas d’une batterie classique mais d’une pile à combustible transformant l’hydrogène en électricité. Ce gaz permet de faire le plein en quelques minutes, mais il est encore en grande partie obtenu à partir de gaz naturel - un processus de fabrication qui émet du CO2. Toyota propose un modèle en France, la Mirai, mais elle est hors de prix. Tandis que les stations de recharge restent rares.