Manu-la-chance, fin de séquence… Déjà écornée par l'affaire Benalla, l'image de la présidence jupitérienne risque de se heurter à plus grave : la défection de la croissance. Héritée du précédent quinquennat, soutenue par la conjoncture mondiale, l'expansion de l'économie française avait dépassé les prévisions : 2,2 % pour l'année 2017, meilleur résultat depuis dix ans. Du coup, le chômage s'orientait à la baisse et les finances publiques se rétablissaient. Las ! L'effet conjugué de la stagnation du pouvoir d'achat et d'une situation mondiale orageuse ramène ce chiffre nettement au-dessous de 2 % pour 2018. Cette anémie attire sa nuée de problèmes qui, comme toujours, volent en escadrille : coupes sociales, déficits, serrages de ceinture, équations insolubles, etc. Paradoxe d'une présidence activiste, les «fainéants» d'avant avaient fini par obtenir des résultats, qui se dérobent devant les pas des fiers marcheurs. A moins que l'affaire ne soit plus sérieuse. Comme la plupart des hommes de l'ancien monde, ceux du nouveau ne jurent que par la libéralisation de l'économie. Médication classique ou médication usée ? L'analyse des chiffres montre que c'est la faiblesse de la consommation qui handicape la croissance. Or l'an I de la Macron-économie a consisté à soigner les «premiers de cordée» en laissant les autres à la traîne. Conséquence : comme dans la plupart des pays développés, cette inégalité des revenus bloque le pouvoir d'achat, et donc les débouchés des entreprises. Dans un étrange phénomène gravitationnel, le «ruissellement» va vers le haut : privée de demande, la croissance ralentit. Le gouvernement lui-même prévoit pour les années à venir une expansion inférieure à celle de 2017. Si cela se confirme, le risque est majeur de voir la «révolution macronienne» s'embourber dans les méandres de l'ancienne stagnation.
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