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Ces dépenses publiques qui profitent aux «cars Macron»

Une étude montre que la libéralisation du secteur des trajets longue distance en car a largement bénéficié de dépenses publiques indirectes qui s’élèvent à plus de 50 millions d’euros pour 2016 et 2017.
publié le 20 mars 2019 à 6h32

Le bureau d'étude Adetec a publié en décembre un rapport d'expertise à la demande notamment de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) (1). Il a calculé sur la période 2016-2017 les sommes dépensées par le contribuable pour accompagner la libéralisation du secteur des trajets inter-régions en autocar autorisé par la loi Macron de 2015.

Habilement baptisés SLO (pour «services librement organisés»), l’activité des «cars Macron» s’accompagne de dépenses publiques induites réparties en quatre catégories. D’abord l’usage des infrastructures routières représente 15,6 millions en 2016. Ensuite les pertes de recettes des transports collectifs qui sont concurrencés par les cars, au premier chef les trains de la SNCF (TER, Intercités et TGV). En effet, les liaisons les plus fréquentées sont déjà largement desservies par le train (Lille-Paris, Paris-Rouen, Grenoble-Lyon, Marseille-Nice…)

Dans une moindre mesure les emplois publics et l’usage des gares routières comptent pour plus de 5 millions d’euros sur la période 2016-2017. Au total, 57% de ces dépenses relèvent de l’Etat, 43% des collectivités locales.

Même si le secteur est en croissance, il n'est pas encore rentable, la faute à une guerre des prix qui fait que la recette moyenne par voyageur pour 100 km est de seulement 5 euros hors taxe. Le nombre de voyageurs est toutefois en hausse régulière (7,1 millions en 2017, déjà 6,8 millions sur les trois premiers trimestres 2018).

En plus d'être indirectement subventionné, le secteur est en train de se concentrer à cause du manque de rentabilité. En 2017, Ouibus a perdu 35 millions d'euros, Isilines 15 et Flixbus 5. La SNCF a finalement jeté l'éponge en fin d'année en revendant sa filiale Ouibus à Blablacar qui va bizarrement les renommer Blablabus. Quant à la marque Isilines, elle va passer sous pavillon allemand chez Flixbus.

(1) La Fédération Nationale des Transports de Voyageurs (membre de l'Association Qualité Mobilité qui a commandé cette étude) en conteste la méthodologie et critique ses «fondements scientifiques plus que discutables». Son auteur s'en défend.