Je-roule-en-electrique.fr : ce site d'aide à la décision d'achat d'un véhicule électrique (VE) réalisé par l'Avere, Association pour le développement de la mobilité électrique, a été lancé le 28 octobre par la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne. Un coup de pouce bienvenu pour un type de véhicules qui pèsent moins de 2 % des ventes et 0,5 % du parc français. Or les constructeurs hexagonaux vont devoir accélérer pour répondre à la nouvelle réglementation européenne : des émissions de CO2 (pour les véhicules neufs) de 95 g/km contre 120,5 g/km actuellement. L'électrique va vite devenir incontournable.
Chez Renault-Nissan, leader en Europe et troisième dans le monde, le choix de l'électrique a eu lieu il y a dix ans, en avance sur tous ses concurrents. Pari gagnant : la citadine Zoe est numéro 1 des ventes en Europe et en France. Une position que la marque au losange compte bien conserver quand le marché va exploser. D'après IHS Markit, la fabrication de véhicules électriques va être multipliée par six d'ici à 2025 pour atteindre les 4 millions de voitures, soit 22 % de la production totale de l'industrie automobile européenne, contre 4 % aujourd'hui. «Avec l'électrique, on est sur une logique d'écosystème qui impacte tous les métiers de l'entreprise, des ingénieurs qui travaillent sur les batteries à la fabrication des moteurs», décrit Eric Feunteun, directeur du programme véhicule électrique.
Le plus gros changement aura cependant lieu au niveau du réseau commercial, car faire l’article pour une automobile électrique demande des arguments différents de ceux employés - prix et options - pour vendre une voiture essence ou diesel.
«Le vendeur doit insister sur les usages plutôt que sur le produit : de quelle autonomie le client a-t-il besoin ? Où et comment recharger ?», précise Eric Feunteun. Renault prévoit de vendre 10 % de voitures 100 % électriques (hors hybrides) d'ici à 2022. «Ce n'est plus une niche, mais un sujet du quotidien», poursuit Eric Feunteun.
De son côté, PSA revient à l'électrique après une première tentative trop prématurée dans les années 90 en raison d'une autonomie limitée (moins de 100 km). «Toutes les marques du groupe ont ou vont proposer une solution électrifiée, 100 % électrique ou hybride rechargeable. En 2025, le client pourra choisir sa motorisation sur tous les modèles», explique Alain Le Gouguec, porte-parole de PSA. Peugeot vient de sortir la e-208, qui sera suivie en 2020 par la e-2008, la DS3 Crossback E-Tense et l'Opel Corsa-e.
Pour les fabriquer, le groupe a mis en place une stratégie de plateformes de fabrication multi-énergies (diesel, essence, électrique) à Trémery, en Lorraine, usine connue pour produire le plus de moteurs diesels au monde. Depuis, le «diesel bashing» est passé par là. PSA a ajouté aux lignes de production les moteurs essence et désormais électriques, en insistant sur la formation des techniciens, en particulier pour le montage des batteries.
«Notre scénario, c'est 10 % de diesel en 2020, contre 30 % aujourd'hui, et 7 % de véhicules électrifiés», précise Alain Le Gouguec. Les deux fabricants réclament aux pouvoirs publics des incitations non financières, comme le stationnement et les péages gratuits, ou l'ouverture des couloirs de bus aux véhicules électriques. Une mesure effective en Norvège, pays où la moitié des véhicules neufs vendus sont électriques.