J’ai passé une partie de mon adolescence à lire et regarder de la science-fiction. Aux space operas, je préférais de loin les univers plus plausibles, ceux de l’anticipation. Souvent, des consortiums puissants s’y substituaient aux Etats. Dans Blade Runner, Tyrell Corporation fabrique des Réplicants et laisse au gouvernement le soin d’éliminer ceux qui dysfonctionnent. Weyland-Yutani Corporation sacrifie sciemment un équipage humain pour capturer un alien. La Seconde Guerre mondiale s’éloigne, le mal a progressivement glissé du totalitarisme - façon 1984 - au libéralisme effréné qui considère tout ce qu’il observe comme une ressource à exploiter. La dystopie n’est plus celle d’une dictature mais bien celle d’un capitalisme prêt à sacrifier l’humain pour accroître le profit.
Le 30 mai, deux astronautes américains, Bob Behnken et Doug Hurley, ont effectué en soixante-quatre jours un aller-retour à la Station spatiale internationale (ISS) grâce à une capsule Crew Dragon développée par la société SpaceX. Depuis le retrait de la navette spatiale américaine en 2011, les Etats-Unis sous-traitaient leurs vols habités avec la Russie. Désormais, la Nasa sous-traitera avec une société privée. SpaceX a remis ça dans la nuit du 15 au 16 novembre en déposant trois astronautes américains et un japonais à bord de l’ISS. Si la Nasa ne s’est jamais gênée pour faire appel au privé, elle demeurait jusqu’alors conceptrice et propriétaire de ses outils ; ce qui se joue dorénavant est