Le septième juge fut le bon. «Sans l'insistance des familles d'appelés, il n'y aurait jamais eu l'affaire des disparus de Mourmelon. Et sans la ténacité du juge Chapart, le septième sur ce dossier, il n'y aurait jamais eu, au bout, de procès d'assises de l'adjudant Chanal», témoigne Jean-Marie Tarbes, le gendarme qui a passé dix-huit ans sur le casse-tête des disparitions de soldats et d'auto-stoppeurs en Champagne entre 1980 et 1987. Il a fait équipe avec le juge en 1994. Ensemble, ils ont remué ciel et terre, exhumé des indices oubliés et élucidé cette affaire que d'autres préféraient voir fossilisée.
Pierre Chanal, 56 ans, résiste encore. A la veille de son procès d'assises, le 11 mai dernier, il a fait une «tentative de suicide» étrange avec une «dose thérapeutique» de somnifère Noctran. L'ex-adjudant-chef du 4e dragon de Mourmelon fait durer son bras de fer avec la justice. En grève de la faim depuis trois mois, néanmoins considéré par les experts comme apte psychologiquement et physiquement à comparaître, il refuse de participer à «un procès joué d'avance». Mais, avec ou sans son accord, le procès aura lieu. «La justice sera plus forte que sa volonté», affirme le procureur général.
Il est aujourd'hui rattrapé par l'enquête au long cours du juge Pascal Chapart. Tels deux archéologues, le magistrat et l'enquêteur ont déniché in extremis LA preuve par l'ADN de l'implication de Pierre Chanal dans trois des huit cas de disparition, autour du camp militaire de Mourmelon. De qu