C'était le deuxième âge de la découverte des mondes, multiples et variés, qui coexistent sur la planète Terre. Les premiers explorateurs, du XVe au XVIIIe siècles, en avaient confirmé l'existence, dressé les cartes et entamé la conquête. Au tournant du XXe siècle, une nouvelle vague d'aventuriers entreprirent de combler les vides des terrae incognitae, mus les uns par le désir de bâtir des empires, pour d'autres par la curiosité scientifique et pour beaucoup (tous peut-être) par ce que Joseph Conrad appelait «la gloire de l'exploration».
Aux instruments anciens, ces arpenteurs des confins du monde connu en ajoutaient un qui révolutionnait au sens strict la vision. Le daguerréotype (utilisé largement à partir de 1860), les plaques sèches au gélatino-bromure d'argent (à partir de 1880), puis l'autochrome des frères Lumière (commercialisé à partir de 1907) donnent soudain aux rêves suscités par les récits de voyage la réalité, certes illusoire mais fascinante, des images. L'Autre prend forme, visage et couleur. C'est une «mondialisation» du regard le magazine l'Illustration publie la première photographie en 1890.
Des années de travail érudit et passionné au poste de conservateur en chef du patrimoine aux archives du ministère des Affaires étrangères ont permis à Pierre Fournié d'entreprendre un autre tour du monde, tel que celui-ci apparut dans les clichés photographiques ramenés par les aventuriers lancés vers des terres exotiques par l'Etat français, mais aussi des sociétés