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Libération
Enquête

Traquer les caméléons du Net

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Pour diffuser leurs idées racistes et leurs thèses d'extrême droite, des pirates ont usurpé des identités. Leurs victimes ont remonté la filière. Et démonté le réseau des criminels du Web.
publié le 29 octobre 2003 à 1h36

Pour «Alain» (appelons-le ainsi), le cauchemar a commencé voilà trois ans, le jour de la naissance de sa fille. Ce fut une avalanche de menaces contre lui et sa famille, submergeant sa boîte mail et les forums de discussion du Net. Le «tort» d'Alain : avoir apporté la contradiction à des anonymes se répandant en propos racistes sur les forums. Puis tels des fantômes, les mêmes usurperont son identité pour «poster» des messages pédophiles, ce qui vaudra à Alain l'intérêt de la brigade des moeurs. Puis ils publieront son numéro de téléphone, son adresse, sa photo, avec appels à lui régler son compte. «Ma vie privée a été dévastée.» Aujourd'hui encore, cet homme de 38 ans se méfie, préférant qu'on en dise peu sur lui.

«Cyril», 36 ans, a connu le même traitement pour le même motif. «Je n'en dormais plus, j'avais l'impression de ne plus pouvoir en sortir.» Ce sentiment de se battre contre des agresseurs invisibles, opérant en toute impunité. Les plaintes pour usurpation de cyberidentité sont souvent classées sans suite : difficile de coincer des gens se cachant derrière des systèmes d'anonymisation du Web (qui permettent d'envoyer des mails sous de faux nez). Des dizaines d'autres personnes subiront le même sort : menaces et usurpation d'identité. Bientôt, elles seront des centaines ­ responsables associatifs, avocats, journalistes, etc. ­ sans que l'affaire ne suscite beaucoup d'échos publics.

L'histoire commence en 1999 lorsqu'Alain, informaticien free-lance expert des réseaux, s