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Libération
Enquête

RFI la voix brisée de la France

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publié le 26 novembre 2003 à 2h03

Mercredi 5 novembre, il fait gris au-dessus de Paris. Au temple de l'Oratoire du Louvre, rue Saint-Honoré, une foule silencieuse rend un dernier hommage à Jean Hélène, journaliste de Radio France Internationale (RFI) abattu de sang-froid à Abidjan le 21 octobre par un sergent de police ivoirien. La famille, les amis, les collègues sont là. Auditeurs, diplomates, opposants, français comme africains, sont venus. Au fond du choeur, le service Afrique de la radio est rassemblé derrière son PDG Jean-Paul Cluzel.

Trois ministres siègent au premier rang : Dominique de Villepin, Jean-Jacques Aillagon, les ministres des Affaires étrangères et de la Culture, qui partagent la tutelle sur la radio, et Pierre-André Wiltzer, celui de la Coopération, traditionnel gardien de l'ancien pré carré. L'Elysée et Matignon sont aussi représentés. Si la République s'est ainsi déplacée, c'est parce qu'on ne dit pas adieu seulement à un homme ce jour-là mais aussi à une époque. Jean Hélène n'est certes pas le premier Blanc assassiné en Afrique, mais sa mort est le symptôme de la montée d'un sentiment antioccidental sur le continent et antifrançais en Côte-d'Ivoire. Un tabou a sauté. RFI, longtemps reçue en Afrique comme la voix de la France, est devenue une cible comme une autre.

Pour comprendre la puissance de ce média, il faut s'être promené dans Kinshasa avec une reporter vedette de la station. Régulièrement, un passant se retourne au seul son de sa voix et s'exclame : «Vous êtes Ghislaine Dupont, de