En juin, l'usine automobile de Matra à Romorantin (Loir-et-Cher) a fermé. Finie l'Avantime. 945 salariés sur le carreau. Et après ? L'après se joue dans une maison du centre-ville. Seul dans le pigeonnier juché sous les toits, Alain-Gérard Chollet fignole ses tableaux. En vert, les bons chiffres : les chômeurs déjà reclassés. En orange, les moins bons : ceux qui n'ont toujours pas retrouvé de travail. Ce sexagénaire dirige l'antenne de reclassement des Matra. Avec lui, 45 conseillers ont été recrutés pour mener à bien cette tâche. Alors que d'autres plans sociaux (Metal Europ, Moulinex) font scandale, Matra a dit vouloir «faire de l'exemplaire» en matière sociale et a mis 150 millions d'euros au pot, indemnités de départ comprises. Chollet a deux ans pour aider les Matraciens à rebondir. Libération a suivi le travail de la cellule de reclassement pendant une semaine.
Lundi, frustrations
«Avec le chômage, à un moment, vous perdez votre liberté d'homme.» Propos d'un homme d'expérience. Comme tous ceux qui travaillent avec lui, Alain-Gérard Chollet a vécu un licenciement, «l'angoisse qui monte avec le temps qui passe». Il en a gardé une obsession, érigée en principe de travail : la lutte contre le chômage est une course contre la montre. Il le redira le lendemain en réunion d'équipe : il faut «booster» ceux qui ne cherchent plus et faire attention à «l'usure» des reclasseurs. «Quand vous n'avancez plus sur un dossier, il vaut mieux le repasser à un autre.»
Cinq mois après la ferme