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Libération

Récré sous la Coupole

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publié le 8 décembre 2003 à 2h14

Maurice Druon, 85 ans, a entonné le chant des opposants. Dans son salon doré comme un palais ducal, à deux pas de l'Académie, allumant sa vingtième Marlboro, l'immortel s'amuse : «Les vieux taureaux savent encore charger.» Il dénonce une «cocasserie», feignant de s'indigner : «On m'a soigneusement caché les approches de monsieur Giscard d'Estaing, ainsi qu'à monsieur Pierre Messmer.» Il aurait appris, le 6 novembre, d'une simple lettre lue en séance solennelle par le secrétaire perpétuel Carrère d'Encausse, la candidature au seizième fauteuil, «celui de notre regretté Léopold Sedar Senghor».

Sans attendre, il a allumé le feu sous la Coupole. L'académicien Angelo Rinaldi (contre) lui a offert la une du Figaro littéraire, où il a remplacé l'académicien Jean-Marie Rouart (pour). Cinq colonnes de pure perfidie. Depuis, ses 36 collègues, qu'on disait assoupis sur le R de leur dictionnaire (A en 1935, Enzyme en 1992), complotent comme des prélats à la veille d'une élection papale. Jeudi, ils voteront à bulletins secrets. Un nom manuscrit, ou une croix pour protester. Puis les bulletins seront brûlés, comme l'exige la coutume.

Rituels de cooptation

Druon maudit ce roi-là. Giscard, «déjà refoulé à l'entrée du Jockey Club», présenterait «des titres littéraires aussi minces que ses titres de noblesse». Son unique roman, Le Passage n'a rien d'immortel. Même Jean-Marie Rouart en convient. Cet opuscule publié en gros caractères n'est «pas très bon». Mais qu'importe, «une fois sur deux, l'Ac