Ce coffret est une somme. Le terme a beau être galvaudé, il est difficile de qualifier autrement un pareil travail réalisé sur près de vingt-cinq ans. Frédéric Brenner a commencé à photographier les juifs du monde en 1978 dans le quartier de Mea Shearim, le quartier des haredim (les «craignant Dieu») de Jérusalem. Il a 19 ans et il est surpris par ces hommes à la barbe longue, le caftan sur les talons et le shtremel de fourrure vissé sur la tête, comme en Pologne. Il découvre des exilés permanents qui ne sont vraiment chez eux que dans les livres pieux. Intrigué par ce qu'il a vu, l'ancien étudiant en sciences sociales courra le monde à la recherche des communautés juives et de leurs traces. Avec un appareil photographique qu'il sait très bien utiliser.
A Djerba, en Tunisie, il retrouve des traditions ancestrales ; sur les hauts plateaux d'Ethiopie, il croise les fameux juifs noirs, les Falashas. Il va à Sarajevo, Marrakech, Tanger, Gibraltar, Amsterdam, Bordeaux, Istanbul, Salonique à la recherche des séfarades, enfants de la Grande Espagne, celle d'avant 1492, l'année de la découverte des Amériques et de l'expulsion. De Salonique, il ramène quatre visages de vieillards au regard triste, dont trois ont au bras gauche la marque des camps nazis. Il faut alors poser le volume I, prendre le volume II de Diaspora (1) et lire le texte que Pierre Vidal-Naquet consacre à cette photo. Quelques lignes simples pour rappeler qu'en «1912, lorsque les Grecs s'emparèrent en l'arrachant aux