Medaïn Saleh (Arabie Saoudite)
envoyée spéciale
Les portes du désert ici ne sont pas métaphoriques. Elles se dressent, monumentales, comme tombées d'un ciel toujours bleu, dans ce Hedjaz de roc et de sable, rendu célèbre par Lawrence d'Arabie. Taillées dans les falaises, elles ouvrent les entrailles des montagnes pour qu'y reposent les morts. Et forment une nécropole nabatéenne, construite quelques dizaines d'années avant notre ère. Un dignitaire, un militaire ou un médecin y réservait une concession pour sa famille et lui-même. Gravées à l'entrée de ces monuments, les inscriptions mettent en garde contre d'éventuels violeurs de tombe : «Et celui qui n'agit pas selon ce qui est écrit au-dessus subira les malédictions de Dushara, Hubalu et Monotu. Il sera soumis à une amende de mille pièces haretites de type selac, qui devront être payées au prêtre.»
La période antéislamique est refoulée
Les Nabatéens, peuple légendaire mentionné dans la Bible et le Coran, sont connus du grand public grâce à Pétra, en Jordanie, qui fut leur capitale. On sait moins que leur royaume s'étendit jusqu'ici, à Medaïn Saleh, au nord de l'Arabie Saoudite. Depuis Médine, il faut parcourir 400 kilomètres de route en plein désert avant de voir surgir l'ancienne oasis dans un paysage fait pour Hollywood : l'érosion a sculpté les massifs de grès couleur de sable rosé en champignons, mamelons, pics étroits, chapeaux posés sur la dune. Les Nabatéens y construisirent 138 tombes rupestres, qui semblent dater d'hie