Athènes, correspondance.
Ce jour là, il a un peu gravi l'Olympe avec elle. Altitude : 40 cm au-dessus de la pelouse du stade olympique d'Athènes. Assia et Guy sont montés sur le podium ensemble. Assia el-Hannouni, 22 ans, malvoyante, vient d'être couronnée championne paralympique sur 200 m. Un officiel lui remet sa première médaille d'or. Mais à Guy Mormin, 32 ans, son guide, rien. «Ce sont mes premiers Jeux et j'étais complètement dans l'instant, se souvient Assia. J'ai attendu en vain le tour de Guy. Du coup, quand on m'a donné la couronne d'olivier, je n'ai pas réfléchi. Je lui ai posé sur la tête.» La foule s'emballe pour ce geste spontané. D'autant que la Brésilienne arrivée troisième n'a pas eu la même délicatesse elle a laissé son guide en plan au pied du podium. «Chacun fait comme il veut. Moi j'ai deux guides, Denis Augé et Guy Mormin qui courent avec moi selon les distances. Guy et moi, on court ensemble de façon plus intensive depuis seulement trois mois, et je sais que je ne serais jamais arrivée là sans lui. Si je gagne, on gagne tous les deux, point barre.»
Trois jours plus tard, dans le vélodrome d'Athènes, deux grands garçons, Patrice Senmartin, 32 ans, et Frédéric Janowski, 29 ans, mouillent leur maillot de larmes. Patrice, pistard non voyant, et Frédéric, son «pilote» valide, viennent de décrocher l'argent en tandem au kilomètre sur piste. «Sur les dix dernières années, j'ai dû pleurer deux fois. Pour la naissance de mon fils et aujourd'hui», lâche Patrice