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Libération

Le masque et la thune

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La Méditerranée est un terrain de chasse prisé par les plongeurs en quête de trésors sous-marins. Une activité très réglementée où les rivalités entre amateurs sont vives.
publié le 18 novembre 2004 à 3h04

Marseille de notre correspondant

Ça lui est arrivé le lendemain de Noël 2001. «Pour un premier objet, j'ai commencé fort.» Par 6 mètres de fond, à quelques centaines de mètres au large, entre Le Cap-d'Agde et Sète (Hérault), Nicolas Figuerolles, 35 ans, tombe sur deux statuettes romaines en bronze, qui dépassent à peine du sable. «Les deux bambins», dit-il. Un Eros et un Jeune Enfant en tunique courte, datant de plus de deux mille ans (Ier siècle avant J.-C./Ier siècle après J.-C.). Il fouillait ce coin depuis quatre ans. Son prof de plongée, Philippe Fassanaro, l'avait conduit là pour l'éloigner de son coin à lui. «C'est sûr, il a eu un pincement au coeur. Mais lui aussi a un bon coin. On en parlera bientôt...» La chasse aux trésors, sous l'eau, c'est comme les champignons, dehors : on ne donne pas ses adresses. Et Figuerolles a touché le jackpot. «La chance d'être tombé le premier dessus. Le littoral est riche. Faut passer, repasser, et re-repasser.» Ce jour-là, il sort les chefs-d'oeuvre. Normalement, il aurait dû les laisser au fond. «Le risque de ne pas les retrouver...» Et il appelle Luc Long, conservateur en chef au DRASSM (1), qui reste incrédule. «Il m'a dit : "Ouais c'est ça, et moi je suis à table avec les Beatles !"» Mais Figuerolles, dans le civil mécanicien à bord d'un bateau du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), a bien fait une pêche miraculeuse. Les deux statues valaient plusieurs centaines de milliers d'euros. D'autres les auraient gardées p