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Le sida en traître

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Elles ont en commun d'avoir été contaminées par un homme qui se savait porteur du virus du sida et ce, dans le cadre d'une relation stable. Regroupées dans l'association «Femmes positives» à Marseille, ces femmes en colère veulent obtenir réparation devant la justice et mettre fin à l'impunité du contaminateur conscient.
publié le 7 février 2005 à 0h25

Marseille envoyée spéciale

Certaines l'ont bien cherché. Elles, non. C'est dit sans méchanceté. Ni camée, ni prostituée, même pas coureuse, le risque ne les fascinait pas, la mort encore moins, répètent-elles. Elles étaient banales, des Françaises moyennes. Elles ont été trahies par un homme qu'elles aimaient, qui se savait porteur du virus, ne leur a rien dit, a menti parfois, et ne les a pas protégées. Barbara l'a quitté et a décidé de porter plainte quand «il» a avoué d'autres aventures sans capote.

Pour Stéphanie (1), il s'agit du père de ses quatre enfants. Elle était infirmière, a découvert sa séropositivité au cours d'un test professionnel, et par la même occasion la bisexualité de son mari. Cinq ans de procédure à Aix-en-Provence, et finalement un non-lieu. Lorraine, parisienne, était mariée. Elle, c'est son amant. «Heureusement je n'ai pas contaminé mon mari.» Son amant était marié, lui aussi. Elle a appris récemment que sa femme était malade. «Avant moi il avait eu d'autres maîtresses, après moi aussi, j'imagine.» Elle n'a pas porté plainte, parce qu'elle ne veut pas que ses enfants et son ex-mari sachent. «Ça m'a empêchée de dormir et puis je me suis blindée.»

Clotilde, montée sur des ressorts : «Ce qui me tue, c'est qu'ils savaient tous, sa famille, ses potes. C'est de la non-assistance à personne en danger, je trouve ça dégueulasse.»

Posture «plus victimes que les autres»

A Marseille, Femmes positives réunit des épouses ou compagnes contaminées «dans le cadre de rela