Quand monte la lumière, on découvre un homme à terre. Seul. Gémissant. Il porte un masque qui rappelle ceux de la commedia dell'arte. Un autre homme arrive, démarche dégingandée, un masque identique cache son visage. Il aide le premier à se relever. Ensemble et debout, ils rivalisent de connivence. L'un lance un geste que l'autre termine tout en parlant un langage fait de borborygmes qu'eux seuls comprennent. Une complicité de frères. Vraie et jouée à la fois. Soudain, ils aperçoivent la jeune fille en robe blanche qui depuis le début se tenait sur le côté. «C'est quoi ça ?», meugle l'un des deux. «C'est quoi ça ?», répète l'autre. Elle sort, ils la suivent. L'un des deux acteurs masqués, c'est Khagan, un acteur de métier (et un inventeur de masques), l'autre, c'est Rachid Ait Saïdi, un acteur du foyer de Montreuil (Seine-Saint-Denis) où il vit avec 23 autres handicapés mentaux. Lequel est Khagan, lequel Rachid ? Cette scène d'ouverture de Week-end de rêve est peut-être la plus emblématique de ce spectacle pas comme les autres joué «par l'improbable troupe de l'Art Eclair» qui réunit huit «acteurs du foyer» et six acteurs du métier. Très vite, Olivier Brunhes, le metteur en scène par qui tout est arrivé, les a appelés comme cela : les «acteurs du foyer».
Si l'on veut raconter cette histoire depuis le début, il faut remonter à la cité la Banane de Villeneuve-la-Garenne des années 70 où vit mal un garçon nommé Olivier Brunhes. Il va très tôt rencontrer le théâtre, y trouvera so