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Libération
Enquête

Un boss hard à Harvard

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La prestigieuse université est en crise. Les propos de Lawrence Summers, son président, sur les femmes et ses rapports tendus avec les professeurs noirs déclenchent les protestations. Nommé pour dépoussiérer l'institution, il l'entraîne dans un bouleversement controversé.
publié le 23 février 2005 à 0h41
(mis à jour le 23 février 2005 à 0h41)

Pour pénétrer au coeur historique de Harvard, il faut passer par «Johnson’s Gate». Un imposant portail de fer qui s’ouvre sur le «vieux campus» de l’université. Sur le mur d’enceinte, les chrétiens puritains, fondateurs en 1636 de ce qui n’était alors qu’un collège provincial, ont gravé leur message dans la pierre : «Après que Dieu nous a permis de voyager en toute sécurité vers la Nouvelle-Angleterre, après que nous avons bâti nos maisons, que nous avons fait le nécessaire pour assurer notre bien-être, établi des lieux de culte pour louer notre Seigneur et mis sur pied un gouvernement, notre prochaine tâche était de faire progresser le savoir et de le perpétuer à la postérité.»

Plus de trois siècles et demi plus tard, la mission est accomplie. Harvard est la plus grande université du monde. Un endroit d’exception qui se targue de recruter les meilleurs professeurs, d’attirer les meilleurs élèves. Avec des moyens dignes de sa puissance : un budget annuel de 3 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros), quand celui d’une grosse université scientifique française tourne autour de 150 millions d’euros... Mais voilà, Harvard est depuis le début de l’année au centre de ce que certains appellent «une crise majeure». Une énorme bataille de pouvoir et de couloirs, qui ébranle la planète académique, avec rumeurs de «réunions secrètes» et de «préparation de coups d’Etat». «Harvard est devenue une dictature, affirme un professeur en guise de préambule. Jamais un président n’a été à ce