Bagdad, Amman envoyé spécial
L'homme vêtu de noir, le visage masqué d'un foulard, lit d'un ton solennel un verdict sans appel. De sa parka militaire, il sort une lame et décapite son otage. L'assassinat de Nicholas Berg, jeune mécanicien américain enlevé à Bagdad en avril 2004, est filmé. Premier d'une longue série. Le site Muntada al-Ansar, qui diffuse ces images sur l'Internet, livre le nom du bourreau : Abou Moussab al-Zarkaoui. Ce Transjordanien membre de la tribu des Bani Hassan, né Ahmed Fadel Nazzal al-Khalayleh en octobre 1966 à Zarka, faubourg populaire des environs d'Amman, est la bête noire de l'armée américaine en Irak. Les Etats-Unis dénoncent ce franc-tireur de l'islamisme radical, chef d'une petite organisation autonome appelée Tawhid wal Jihad (Unicité et Guerre sainte), comme le dirigeant d'Al-Qaeda chargé de coordonner les opérations terroristes contre leurs troupes au Proche-Orient. Suite à son crime, la prime sur sa tête sera portée à 25 millions de dollars, une somme égale à celle promise pour la capture d'Oussama ben Laden. C'est une sorte de consécration pour cette ancienne petite frappe au corps couvert de tatouages, attiré tardivement par la religion et longtemps ostracisé par le ténor de la guerre sainte mondialisée.
Avec ce meurtre télévisé, Abou Moussab al-Zarkaoui vient de s'imposer comme un acteur incontournable du conflit irakien. Et comme chef de plein droit dans sa nouvelle baronnie. Les cellules islamistes, jusqu'alors éclatées, se rangent une