La croissance en berne, certains s'en réjouissent. On les appelle les «objecteurs de croissance». Une famille étonnamment hétéroclite dont les membres, âgés de 20 à 60 ans, ont en commun de rejeter la société de consommation, la publicité à outrance «qui dicte les envies», l'individualisme, la course au profit, la déshumanisation du lien social. Depuis deux ans, en France, la tribu recrute de nouveaux adeptes chez les alter, les écologistes, les déçus de la gauche et d'autres qui se disent «apolitiques». Immersion dans le mode de vie décroissant, alimentée, en partie, par un questionnaire adressé par Libération à une centaine de personnes.
Des villes ou des champs ?
Une maison retapée, un potager où planter ses choux sans pesticides, des toilettes sèches (sans chasse d'eau) au fond du jardin sont les attributs idéaux du décroissant des champs. Celui des villes vit en hypercentre, si possible dans un quartier piétonnier. Il se déplace à pied ou en vélo, fait ses courses chez des épiciers de proximité tous les jours, ce qui lui évite l'usage d'un frigo. Sa progéniture, s'il en a une, va à l'école à pied.
Credo : on n'a qu'une planète...
«Une croissance illimitée sur une planète aux ressources limitées est impossible. Seuls un fou ou un économiste y croient.» La formule est de Nicolas Georgescu-Roegen, un économiste américain d'origine roumaine qui a théorisé le concept au début des années 70. Pour résumer : il faudrait trois planètes de plus pour généraliser notre mode de vie occi