Nyala (Soudan) envoyé spécial
Si le Darfour est un «enfer sur terre», comme l'a un jour dit le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, Kalma se trouve au neuvième et dernier cercle. Le terminus de la désespérance, dans cette région du Soudan en proie à la guerre civile depuis deux ans et demi.
De loin, Kalma n'est qu'un scintillement dans la plaine. A mesure qu'on approche se dessine une immense mosaïque de bâches en plastique sur le sable ocre. C'est une fois à l'intérieur qu'on prend la mesure du problème. Kalma est le plus grand camp de déplacés du monde, une ville de bâches et de tôles ondulées, de paille et de branchages. Pas une hutte, pas une tente dans laquelle on peut se tenir debout.
Combien de personnes vivent à Kalma ? Nul ne le sait : 80 000 selon les autorités locales de Nyala, la capitale du Sud Darfour ; 120 000 d'après les estimations les plus fiables des humanitaires qui y travaillent ; 250 000 selon le cheikh Ali Abderrahman Taher, le «cheikh des cheikhs» de Kalma.
Les déplacés vivent entassés dans une plaine boueuse située à douze kilomètres de piste défoncée au sud-est de Nyala. Kalma s'étire tout en longueur, adossée à la voie ferrée. De l'autre côté, un wadi (1) déborde les jours de forte pluie. Les emplacements les plus recherchés se trouvent autour du marché, le poumon économique du camp. On y vend de tout : une bouteille en plastique, trois clous... C'est une économie de bouts de ficelles, du quasi troc. On vient jusqu'ici depuis Nyala, en âne