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Libération

Ils refont le trottoir

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publié le 1er décembre 2005 à 4h45

Parlons du parterre. De cette étendue grise que nous avons sous les pieds quand nous marchons dehors. Les spécialistes appellent cela «l'espace public». L'homme de la rue, lui, dit «la rue». Et pense qu'il s'agit là d'une surface uniforme et simple. En réalité, c'est un noeud de complications. Les trottoirs, les chaussées, les zones piétonnes, sont pris dans une inflation décorative, technique et financière. Ce qui a été mis au point il y a plus d'un siècle pour éviter de se crotter les souliers devient aujourd'hui un enjeu fort pour les élus. Et un poste budgétaire conséquent pour les contribuables. Chacun voit que le mobilier urbain ­ poubelles, bancs, Abribus, jardinières, bornes ­ prolifère. Mais c'est vraiment au sol qu'il faut regarder : car, dans les revêtements, c'est désormais la folie.

Mosaïques, damiers et autres chichis.

Une passante toulousaine un peu âgée remarque : «Avant c'était pavé. Puis on a dépavé pour mettre du bitume. Et maintenant, on repave. Allez comprendre...» Fine observation. Ce que cette dame ignore, c'est qu'on repave avec des ambitions bien plus grandes. Lisons ce qu'en dit le Moniteur du bâtiment et des travaux publics, bible de la profession et par ailleurs émanation du groupe qui organisait la semaine dernière le Salon des maires et des collectivités locales (1). Sous le titre «Les habits neufs des espaces publics», l'hebdomadaire détaille une série de recettes de cuisine pour bien réussir ses trottoirs. Et se permet une mise en garde car, sou